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EN FRANCE

pour les bouteilles fabriquées par la verrerie ouvrière. Je puis citer aussi une modeste association de production à Paris, celle des « fabricants de sacs en papier » qui a pour clients un certain nombre d’associations de consommation. Mais c’est à peu près tout.

On ne voit de possibilité pour un commerce important qu’entre associations de consommation et associations de productions agricoles. S’il y avait des associations coopératives de production pour produire farine, vin, beurre, fromage, viande, légumes, fruits, conserves, etc., alors elles pourraient trouver, semble-t-il, dans les sociétés de consommation des débouchés considérables. Or il y a bien quelques-unes de ces associations agricoles déjà formées ou en voie de formation (notamment pour le beurre, fromage, conserves et primeurs), mais elles sont encore très peu nombreuses et d’ailleurs elles restent en dehors de la sphère des associations ouvrières, car elles ne sont point composées d’ouvriers agricoles, mais d’assez gros propriétaires[1]. Disons seulement qu’on a fait depuis cinq ou six ans des efforts considérables, mais jusqu’à présent assez infructueux, pour établir des rapports suivis entre les sociétés de consommation et les associations agricoles[2]. Par exemple, c’est un des buts de « l’Alliance coopérative internationale » fondée en 1895 qui a tenu déjà deux congrès à Londres et à la Haye et doit se réunir pour la troisième fois pour l’exposition de 1900 à Paris. Son principal but est de propager la participation aux bénéfices, mais l’un des articles de son programme est aussi de former dans chaque pays des comités mixtes comprenant les représentants des diverses branches de la coopération dans le but d’établir ainsi des relations pour le mutuel avantage « de toutes ces branches ».

Mais je veux noter encore un fait remarquable : c’est que, pour faciliter ces relations entre associations de production et associations de consommation, les premières n’ont jamais pensé à employer un

  1. Voir, si l’on veut des détails à ce sujet, le petit livre L’association de production agricole, par le comte de Rocquigny.
  2. Voy. dans l’Economic Journal de juin 1895, un article de l’auteur sur The relations between the syndicats agricoles and the distributive societies in France. Les syndicats agricoles sont très nombreux en France, mais il n’y en a eu qu’un très petit nombre qui aient essayé de la production coopérative — et encore est-ce trop dire — qui aient essayé de la vente en commun des produits agricoles. L’immense majorité se contente d’acheter en commun les matières premières nécessaires à l’agriculture, c’est-à-dire qu’ils jouent généralement le rôle de sociétés de consommation plutôt que de sociétés de production.