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LES ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES DE PRODUCTION

p. 100 ; 3o tous les ouvriers employés dans l’association, même à titre auxiliaire, auraient droit à une part dans les bénéfices.

Tels étaient les arguments par lesquels l’initiateur du nouveau régime s’efforçait de désarmer les coopérateurs orthodoxes. Il aurait pu leur citer surtout l’exemple des associations de production en Angleterre qui presque toutes se sont constituées avec le concours de capitaux étrangers. Et même la tendance des coopérateurs anglais (telle qu’elle est exprimée par exemple en termes très vifs dans le journal Labour Copartnership), c’est un profond dédain pour l’association autonome comme une forme tout à fait arriérée. Toutefois, il faut dire que les capitaux ainsi fournis aux associations de production anglaises leur viennent, non de banquiers plus ou moins spéculateurs, mais généralement de sociétés coopératives de consommation. Et cela fait une notable différence ! Le système anglais nous paraît excellent, tandis que nous avons certains doutes sur l’avenir du système de l’association dite intégrale. C’est une expérience très intéressante mais il faut attendre la fin.

Quoi qu’il en soit, l’initiative de M. Buisson a suscité immédiatement un certain nombre d’imitateurs et déjà une douzaine d’associations de production se sont constituées ou transformées sur le modèle de l’association Le Travail.

III

SITUATION DES ASSOCIATIONS DE PRODUCTION VIS-A-VIS DES ASSOCIATIONS DE CONSOMMATION

Comme nous venons de le dire dans les lignes qui précèdent, les Sociétés de production en France, à la différences des sociétés anglaises, n’ont presque jamais bénéficié du concours précieux des sociétés de consommation, ni sous forme d’avances de capitaux, ni même sous forme de clientèle.

Les associations de production et celles de consommation ont formé jusqu’à présent en France comme deux mondes tout à fait séparés qui ne cherchent pas à se rapprocher, et même entre lesquels la force répulsive paraît l’emporter sur la force attractive. Pour se l’expliquer, il suffit de réfléchir que tandis qu’en Angleterre les sociétés de consommation ont précédé de longtemps les associations de production et par conséquent ont pu jouer natu-