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CHRONIQUE LÉGISLATIVE

Janvier 1900.
Débats parlementaires.
Chambre.


Le projet de doctorat économique.


La Chambre a continué, à toutes petites journées, la discussion du budget. On ne se douterait pas du tout, à voir son allure, que nous sommes sous le régime des douzièmes provisoires : il n’y a que le premier pas qui coûte ! Nous ne suivrons pas la Chambre dans cette lente pérégrination à travers nos différents services publics. Une question pourtant a été de nouveau agitée, qui nous intéresse tout particulièrement et sur laquelle nous ne saurions nous empêcher de dire notre sentiment : celle de la création d’un doctorat économique.

Notre éminent collègue de la Faculté de droit de Paris, M. Beauregard, député de la Seine, a demandé ce troisième doctorat pour les Facultés de droit qui ont déjà un doctorat ès-sciences juridiques et un doctorat ès-sciences économiques. Il est clair que, si un doctorat économique devait être créé, il aurait sa place toute naturelle dans les Facultés de droit, où il existe déjà, fondu avec le doctorat politique, et où sont concentrés les enseignements économiques. Nous n’avons pu cependant nous défendre de quelque étonnement en entendant M. Beauregard affirmer au ministre de l’Instruction publique que l’Université (il avait en vue les Facultés de droit) lui serait infiniment reconnaissante de cette création ! Il oubliait sans doute, emporté par son désir personnel, que les Facultés de droit avaient été tout récemment consultées officiellement sur la question et que, à l’unanimité moins une (qui, si nous sommes bien renseigné, avait changé d’avis de fraîche date), elles se sont prononcées contre l’institution d’un doctorat économique.

M. le Ministre a profité de l’occasion pour dire à la Chambre qu’il avait devancé les désirs des partisans du doctorat économique, en déposant, le 3 février 1899, un projet en ce sens, auquel à la vérité la Commission parlementaire de l’enseignement n’a pas fait très bon accueil. Mais ce projet est très différent du rêve de M. Beauregard : le nouveau doctorat économique n’appartiendrait pas aux Facultés de droit ; il aurait une plus large envergure ; il