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REVUE
D’ÉCONOMIE POLITIQUE
LES ASSOCIATIONS COOPÉRATIVES DE PRODUCTION EN FRANCE[1]

I

ORIGINES DE L’ASSOCIATION DE PRODUCTION EN FRANCE

C’est une assertion répétée dans toutes les publications sur la coopération que les associations de consommation ont pour pays d’origine l’Angleterre, les associations de crédit l’Allemagne, et les associations de production la France. C’est presque devenu un lieu commun, un truisme, et pour les deux premières formes de coopération tout au moins il n’a jamais été contesté. Pourtant il a été mis en doute pour la troisième forme. Et il est vrai que si nous regardons les statistiques, il ne semble point que les associations coopératives de production soient beaucoup plus nombreuses, ni plus puissantes en France que dans les deux autres pays. Même il se trouve, par une singulière coïncidence, que le nombre relevé par les dernières statistiques en 1896 était à peu près le même (environ 200) pour les trois pays. Et au point de vue des chiffres de vente et des capitaux, ceux des associations de production anglaise dépassent un peu celles de France. Et d’autre part, ce ne sont même pas en France les associations de production qui tiennent le premier rang entre toutes les formes d’associations coopératives : les magasins coopératifs y sont bien plus nombreux (plus de 1,500) et y représentent un mouvement d’affaires infiniment plus considérable et un nombre de membres cent fois plus grand[2]

  1. Cet article a paru en anglais dans la Revue américaine de l’Université d’Harvard, The quartely Journal of Economics, N° de novembre 1899.
  2. Le nombre des membres des associations de consommation ne peut guère être évalué au-dessous de 3 à 400.000, tandis que celui des membres des associations de production n’atteint pas 10.000. Dans la publication de l’Office du Travail les Associa-