I
Plan d’une Banque de virements.
Il y a douze ou treize ans, ayant à mettre en sûreté des titres qui ne m’appartenaient pas, je regrettai de ne pouvoir les déposer non, comme je dus faire, chez d’honorables banquiers qui les firent « reposer sous mon dossier, à mes risques, dans leurs caisses », mais dans une Banque centrale, Banque d’État ou Banque privilégiée (je réservais cette question), qui les eût reçus au prix d’un droit de garde et d’une prime d’assurance, en eût fait faire à mes frais des copies ou des extraits à mettre, eux aussi, en lieu sûr et dont la substitution aux originaux, en cas de perte de ceux-ci, eût été réglée par la loi, et finalement en eût répondu absolument vis-à-vis de moi comme j’en répondais absolument vis-à-vis d’une autre personne. Et ce regret fut, pour moi, le point de départ d’une série de réflexions sur la circulation monétaire telle qu’elle pouvait devenir en suite de la création de ce service du dépôt des titres dans une Banque centrale.
Tout d’abord, rien ne serait plus naturel, et pour ainsi dire plus forcé, que d’ouvrir aux déposants des comptes-courants et de porter au crédit de ces comptes-courants le montant des coupons des titres, que la Banque se chargerait de détacher et d’encaisser, en permettant aux titulaires de disposer de leur crédit par des chèques payables à vue ou par des mandats de virement d’un compte à un autre. Or cette première série d’opérations serait déjà considérable. Dans ces conditions de sécurité absolue, tous les capitalistes du pays inclineraient à confier à la Banque la garde de leurs titres et à s’y faire ouvrir des comptes-courants. Parmi les capitalistes, il y en a qui ne sont que capitalistes ; d’autres sont en même temps travailleurs, propriétaires fonciers ou entrepreneurs ; il y en a qui sont à la fois tout cela. Il y aurait lieu de débiter les comptes-courants d’entrepreneurs et de créditer les comptes-courants de travailleurs, propriétaires fonciers et capita-