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THÉORIE DU CRÉDIT

tal fixe ou circulant ; et en cela consiste l’opération même du crédit. Il nous faut étudier de près le mécanisme de cette opération afin de formuler les conditions à remplir et d’indiquer les dangers à éviter en vue de son exécution la plus parfaite.

Les épargnes se font en monnaie ; la monnaie est l’instrument d’épargne comme elle est l’instrument d’échange, et elle doit de jouer ce double rôle à ses qualités de rareté, de divisibilité, de conservabililé. On peut, si l’ont veut, se représenter très distinctement les métaux précieux qui sont à l’état de marchandise d’un côté, c’est-à-dire les ustensiles et bijoux, et ceux qui sont à l’état de monnaie de l’autre, c’est-à-dire les pièces d’or et d’argent. Et on peut aussi, si l’on veut, se représenter très distinctement la monnaie d’échange ou de circulation d’un côté et la monnaie d’épargne de l’autre : la première se trouve dans les caisses et les porte-monnaies des propriétaires fonciers, travailleurs et capitalistes et des entrepreneurs, et est destinée soit à acheter des approvisionnements de produits consommables ou de matières premières, ou des services producteurs, soit à rendre elle-même le service d’approvisionnement ; la seconde se trouve dans les tiroirs des propriétaires fonciers, travailleurs et capitalistes, et est destinée soit à acheter des capitaux à louer en nature, soit à être prêtée aux entrepreneurs comme capital par le crédit, pour acheter des capitaux fixes ou circulants.

Lorsque le crédit n’est pas bien organisé, la quantité des métaux précieux qui se trouve dans les tiroirs est considérable. Les épargnes n’arrivent pas à se transformer promptement et facilement en capital fixe ou circulant parce que le capitaliste propriétaire de la monnaie d’épargne et l’entrepreneur qui a besoin de capital mettent du temps et ont de la peine à se rencontrer pour donner l’un son épargne, l’autre un titre avec une bonne garantie. Lorsqu’au contraire le crédit est bien organisé, le capitaliste et l’entrepreneur se rencontrent aussitôt l’épargne formée ; et l’opération de crédit s’accomplit. Ici, comme partout, on est arrivé à la promptitude et à la facilité par la division du travail, c’est-à-dire par l’intervention d’intermédiaires spéciaux qui, d’un côté, reçoivent les épargnes des capitalistes et, de l’autre, achètent des titres aux entrepreneurs. Ces intermédiaires sont les banquiers et les banques.

La partie de la monnaie d’épargne destinée à l’achat de capitaux à louer en nature étant ainsi employée, et la partie destinée à se