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THÉORIE DU CRÉDIT

c’est le capital circulant qui est surtout considérable ; mais nos deux expressions sont plus rigoureuses. Disons toutefois qu’elles sont élastiques à dessein. Il y a du capital fixe qui est emprunté pour cent ans. Le capital circulant se rend généralement avant trois mois ; mais il y a telle industrie, comme la tannerie, qui a besoin de deux ou trois ans pour transformer sa matière première en produits, et il est bien certain que, quand on se décidera à organiser le crédit agricole, on devra l’organiser comme un prêt de capital circulant pour six mois ou un an.

Le crédit à long terme et le crédit à courte échéance, étant ainsi distingués en principe, se distinguent encore :

1° Par les institutions qui s’y consacrent, l’un étant fait par les caisses de crédit foncier et les caisses de crédit mobilier, l’autre par les caisses et banques d’escompte et les banques d’émission. Ce seront ainsi des institutions différentes qui interviendront entre les capitalistes prêteurs et les entrepreneurs emprunteurs de monnaie suivant que ceux-ci demanderont du capital fixe ou du capital circulant et que ceux-là offriront du crédit à long terme ou du crédit à courte échéance ;

2° Par les titres qui s’y rapportent. Les crédits fonciers et les crédits mobiliers achèteront aux entrepreneurs et revendront aux capitalistes des créances hypothécaires, des obligations foncières, des obligations industrielles ; les banques d’escompte et d’émission achèteront aux premiers et revendront aux seconds des effets de commerce : billets à ordre et lettres de change ;

3° Par le taux de l’intérêt. Tous les jours une fraction du capital vient à échéance et est restituée en monnaie. Cette fraction, augmentée de l’excédent du revenu sur la consommation ou diminuée de l’excédent de la consommation sur le revenu, constitue l’épargne disponible. Une partie s’emploie en achat de capitaux neufs à louer en nature à un certain taux du revenu ; une partie se prête en monnaie comme capital fixe à un certain taux de l’intérêt ; une partie se prête en monnaie comme capital circulant à un certain taux de l’escompte. Les taux du revenu et de l’intérêt tendent à l’égalité puisque, si l’un est plus élevé que l’autre, les épargnes se détournent de celui-ci vers celui-là. Mais le taux de l’escompte est tantôt au-dessus, tantôt au-dessous des deux autres. Beaucoup de gens, pour conserver la disponibilité relative de leurs fonds, se contentent normalement d’un taux de l’escompte inférieur