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THÉORIE DU CRÉDIT

capital, mais ne le multiplie pas, et que, quand on vend et achète les titres, on vend et achète les capitaux qu’ils représentent.

II

CRÉDIT À LONG TERME ET CRÉDIT À COURTE ÉCHÉANCE

6. Le crédit à la production est donc l’opération par laquelle les capitalistes prêtent de la monnaie aux entrepreneurs pour acheter du capital. Or les entrepreneurs ont besoin, un besoin simultané et égal, de capital fixe et de capital circulant. Le capital fixe comprend tous les objets qui servent plus d’une fois dans la production. Nous mettons à part les usines, les ateliers, les magasins quand ils ont été loués en nature ; mais souvent l’entrepreneur fait construire ses bâtiments ; ils peuvent alors faire partie du capital fixe emprunté en monnaie. Restent, en tous cas, parmi le capital fixe, les machines, les instruments, les outils. Quant au capital circulant, il comprend tous les objets qui ne servent qu’une fois dans la production : les matières premières et les produits (capitaux et revenus) neufs en vente à l’étalage, ainsi que la monnaie de circulation en caisse. Le capital circulant, comme le capital fixe, se prête et s’emprunte en monnaie ; mais il y a entre le prêt de capital fixe et le prêt de capital circulant une différence essentielle, résultant de la nature des choses, qu’il faut signaler avant tout.

7. Le capital circulant peut se retirer des industries aisément et rapidement, non pas immédiatement à tout instant donné, mais dans un délai dont l’extrême limite est déterminée par l’intervalle de temps nécessaire pour la fabrication et la vente des produits. Qu’à un certain moment, l’entrepreneur, sans plus acheter de matières premières, se borne à prélever sur la vente de ses produits déjà fabriqués les fermages, salaires et intérêts nécessaires pour transformer en produits à l’étalage ses matières premières en magasin, et qu’il vende les produits à fabriquer ainsi comme ceux déjà fabriqués antérieurement, il aura liquidé ou réalisé son capital circulant, et pourra, à la rigueur, le restituer en monnaie. Notons cependant que si cet entrepreneur ne pouvait, après cela, emprunter de nouveau le même capital, il serait arrêté dans son entreprise. Ainsi, dire que cette sorte de liquidation est matériellement possible n’est pas dire qu’elle soit sans inconvénient. Un entrepreneur peut disposer de son capital circulant dans quatre condi-