J’ai moi-même donné cette définition : — « L’économique[1] » est la science qui traite des lois qui régissent les rapports des quantités échangeables.
Et M. Michel Chevalier m’a fait l’honneur de dire qu’il tenait cette définition pour la meilleure qui eût encore été proposée.
Nous apercevons alors comment l’économique est une science physique. Un des physiciens les plus distingués de nos jours m’a exprimé un doute à ce sujet. Mais tout dépend de sa conception fondamentale et de sa définition. Tant qu’on l’a appelée « production, distribution et consommation de la richesse, » rien dans cette dénomination ni dans la nature du sujet ne pouvait suggérer une analogie avec les sciences physiques ; mais dès que nous adoptons la définition alternative et équivalente de science du commerce ou des échanges, on voit sur-le-champ comment c’est une science physique, puisque, étant donnés trois ordres de quantités échangeables, et par suite six espèces d’échanges, l’objet de la science est de découvrir les lois des phénomènes de ces échanges, — c’est-à-dire, de déterminer les lois qui régissent leurs rapports numériques d’échange. Nous avons, par le fait, un nouvel ordre de quantités variables, et les lois qui régissent cet ordre nouveau de quantités variables doivent s’harmoniser strictement avec celles qui régissent les rapports des quantités variables en général. Les lois qui régissent les rapports variables des quantités économiques doivent s’harmoniser strictement avec celles qui régissent les rapports variables des astres dans leur cours. Comme l’astronomie, l’économique est une pure science de relations.
On voit ainsi que l’économique est un ensemble précis de phénomènes tous basés sur une idée unique. C’est un large ensemble d’éléments particuliers, qui sort de la masse vague, flottante et incertaine de connaissances, qui sort du vide et de la confusion de l’infini, qui est déterminé et circonscrit par une définition propre à se séparer de tous autres ensembles de phénomènes, et qui se trouve donc en état de former une grande science démonstrative au même titre que la mécanique, l’astronomie, l’optique ou toute autre science physique.
On voit ainsi clairement que c’est une science physique ; mais
- ↑ C’est ainsi que nous croyons devoir traduire le mot « Economics » de M. Macleod. (Note du Traducteur.)