Page:Revue d’économie politique, 1888.djvu/473

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion qui présentait l’économie comme la production, la distribution et la consommation de la richesse, oublient entièrement que les initiateurs de cette définition la limitaient expressément au commerce des produits matériels de la terre et à ceux-là seuls. Ils excluaient expressément de l’appellation richesse le travail et les droits. Ils n’envisageaient donc qu’une seule classe de quantités économiques et une seule espèce d’échange.

Mais tous les économistes modernes[1], d’accord avec l’unanimité des écrivains anciens, considèrent comme richesse le travail et les droits, et la science complète traite de trois ordres de quantités échangeables et de six espèces d’échange.

La vérité est que l’économie politique a brisé les chaînes de la nomenclature physiocrate : une définition qui convient à l’échange de produits matériels devient simplement inintelligible si l’on y veut faire rentrer le travail et les droits. L’essai qu’ont tenté les économistes de discuter ces sujets tout en conservant la vieille définition était illusoire et n’a produit que la confusion. C’était mettre du vin nouveau dans de vieilles bouteilles. Les concepts fondamentaux des physiocrates ne sauraient pas plus convenir à l’économie politique dans son état actuel d’extension que les vêtements d’un enfant à un homme fait. L’économie politique, embrassant aujourd’hui tout commerce, il faut, suivant le précepte précisé de Mill, abandonner totalement la définition étroite et bornée et adopter la définition étendue du commerce qui comprend tous les échanges. Alors se produit comme une transformation de scène théâtrale. D’un chaos insaisissable sortent, comme au coup de baguette du magicien, l’harmonie, l’ordre et la science.


IV.


Ayant, je l’espère, démontré l’existence d’une science positive et définie du commerce ou des échanges, nous avons à rechercher maintenant la meilleure dénomination à y donner. L’appellation

  1. L’affirmation de M. Macleod est trop générale. Beaucoup d’économistes modernes considèrent le travail comme une cause productive de richesse, et les droits comme la représentation des richesses.
    (Note de la rédaction.)