Page:Revue d’économie politique, 1888.djvu/471

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et beaucoup d’autres passages semblables.

Or, si l’on dit que « tout ce qui a la puissance d’achat est de la richesse, » et si l’on dit que « le crédit est une puissance d’achat, » la conclusion nécessaire est que « le crédit est de la richesse. » Voilà un syllogisme dans lequel Mill est fortement enfermé et d’où il n’y a pas à s’échapper.

Ainsi, d’après ce que Mill admet nettement, le crédit est de la richesse ; et en quoi le crédit est-il matériel, ou extrait des éléments matériels du globe ?

On trouve dans Mill nombre d’autres contradictions sur la nature de la richesse, mais celles que je viens de signaler sont bien suffisantes pour nous montrer que Mill lui-même n’avait pas d’idées nettes sur ce qu’est la richesse.

Je n’ai pris qu’une seule des définitions de l’économie politique, mais, celle qui est fondamentale, et j’ai montré les contradictions des économistes, depuis Smith jusqu’à Mill. Et comment s’attendre à trouver un système solide de science basé sur de telles contradictions ? Mais il y a, en réalité, vingt-sept définitions économiques, et chacune d’elles est l’objet de tout autant de contradictions et de divergences d’opinions.

Sans doute les disciples de Smith ont réalisé un série de grands succès ; mais ce sont principalement des succès de destruction, déracinant ce qu’ils tenaient pour des lois dangereuses ; tout le monde peut être d’accord sur ce point ; mais quant à une science positive et définie, tout autre est la situation.

Le défaut capital des économistes, de Smith à Mill, est de prétendre étudier la richesse et la science de la richesse, d’examiner la production, la distribution, etc., de la richesse, et d’être incapables de se former une idée claire et nette de ce qu’est la richesse. N’est-il pas surprenant que des écrivains qui, dans certains passages, admettent parfaitement le crédit personnel, les effets et les billets comme richesse et capital, déclarent ailleurs que toute richesse est le produit de la terre et du travail, et qu’elle est extraite des éléments matériels du globe ?

Quelques-uns des manuels communément répandus commencent par enseigner que la richesse est tout ce qui est échangeable, puis, à quelques lignes de distance, ils déclarent que toute richesse est le produit de la terre, du travail et du capital. Ils reconnaissent eux-mêmes que le travail est un bien échangeable. Ils recon-