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Sans doute, Smith a rendu grand service à la science économique en démontrant que dans le commerce ces deux parties profitent et en élargissant son domaine ; mais le défaut fatal de son œuvre est que la première partie donne exclusivement le travail et la matière comme l’essence de la richesse, et que la dernière adopte à demi la faculté d’échange pure et simple. En outre, elle manque totalement d’unité de principes et de consistance de doctrine. Comme on l’a dit, il y manque une épine dorsale.

Ricardo fut le premier économiste anglais qui aperçut la nécessité de ramener à des principes généraux les lois de la valeur. Il intitule son ouvrage Principes de l’Économie politique et de l’impôt. Mais la partie relative à l’économie politique n’est qu’un traité des prix ou de la valeur.

Malheureusement, ce n’est pas un traité de la théorie complète de la valeur, mais seulement d’une très faible partie de cette théorie. Il ne s’occupe que de la valeur des choses matérielles, et d’une certaine classe seulement, de celles qui sont le produit du travail humain. Ayant ainsi exclusivement limité son étude aux seuls produits matériels du travail humain, il pose comme dogme que le travail est l’origine de toute valeur. Cette théorie a été reproduite par nombre d’écrivains, et c’est elle qui, avec cette imprudente affirmation du commencement de l’ouvrage de Smith que la richesse réelle d’un pays est « le produit annuel de la terre et du travail, » fait, ainsi qu’eux-mêmes le déclarent, la base du système des socialistes. Ils soutiennent avec persistance que l’ouvrier est le créateur de toute richesse.

Étant donné l’intérêt considérable qui s’est attaché à ce sujet, il est nécessaire d’examiner la vérité de la doctrine qui voit dans le travail la source de toute valeur.

Le travail est certainement associé à la valeur dans quelques objets matériels, mais s’y trouve-t-il associé dans tous objets matériels ? J’ai déjà fait observer que le terrain sur lequel s’élève une grande ville a une valeur normale : cette valeur a-t-elle le résultat du travail ?

Voyez encore, dans la campagne, le bétail et les troupeaux de tout genre : c’est de la richesse, est-ce une création du travail humain ?

Mac Culloch écrit que tout objet qui est une délibation gratuite de la nature ne peut avoir la moindre valeur.