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vices rendus à la collectivité. Et l’auteur se résume sur ce point en se référant à ces paroles d’Adam Smith qui se trouvent dans l’introduction du IVe livre de la Richesse des nations : « L’économie politique, considérée comme une branche des connaissances du législateur et de l’homme d’État, se propose deux objets distincts : le premier, de procurer au peuple un revenu ou une subsistance abondante, ou, pour mieux dire, de le mettre en état de se procurer lui-même ce revenu ou cette subsistance abondante ; le second objet est de fournir à l’État ou à la communauté un revenu suffisant pour le service public. »

Après avoir ainsi, dans les §§ 63-67, établi la distinction entre les deux domaines de l’économie publique (staatswirthschaft) à savoir : administration économique et finances, M. Emile Sax insiste, dans le § 68, sur l’importance théorique et pratique de cette distinction. Sans doute, il y a un rapport étroit entre ces deux domaines, et qui veut la fin veut les moyens, mais on peut être en désaccord sur la fin sans l’être sur les moyens. Jusqu’où s’étendra l’intervention de l’État dans l’ordre économique ? Transformera-t-on en services publics toutes les fonctions industrielles ? L’État fera-t-il tout ou ne fera-t-il rien ? Fera-t-il le plus possible ou le moins possible ? Voilà sur quoi on pourra discuter sans fin, qu’il s’agisse de poser un principe ou d’en faire des applications de détail. Mais quelle que soit la solution qui ait prévalu, les dissidences cesseront sur la question des finances : tout le monde reconnaîtra qu’il faut de l’argent, mettre des taxes et des impôts (Taxen, Gebûhren, Steuern). Et M. Sax met très heureusement la chose en lumière par un exemple saisissant que lui fournit l’École de la politique sociale. Elle est, comme on sait, favorable à l’intervention de l’État dans l’ordre économique. Il y a bien une théorie politico-sociale en ce qui concerne les buts politico-sociaux que l’État seul peut atteindre ; mais il n’y a pas une conception politico-sociale, une théorie politico-sociale de la matière des finances. Voyez M. Adolphe Wagner, il est loin de tirer, en matière de finances, toutes les conséquences de son système de politique sociale. Je dirais volontiers que M. Wagner a traité l’économie politique presque comme un socialiste pur, et qu’il a traité la matière des finances en économiste.

Le livre de M. Emile Sax est divisé en six parties ou sections, et pour expliquer le titre même de l’ouvrage et justifier la traduc-