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M. Emile Sax. J’ai traduit par économie publique ; la traduction littérale eût été économie de l’État, mais il m’a semblé que la seconde traduction éveillerait encore plus que la première l’idée d’une organisation, d’une constitution politique, ce qui n’est pas. M. Maurice Block[1] a traduit : Bases d’une théorie des finances. Il a bien fait ; cela est plus clair pour le lecteur, et toute autre expression aurait nécessité des explications dans lesquelles il ne voulait pas entrer. Mais on va voir que le mot finances ne rend pas suffisamment la pensée de l’auteur. « Le but de ce livre, nous dit-on en effet, est d’expliquer toutes les manifestations, tous les agissements économiques de l’État en ce qui concerne la protection des intérêts économiques de la nation (volkswirthschaftspflege) et la matière des finances (finanzwesen), en les ramenant purement et simplement aux principes fondamentaux de l’économie politique[2]. » Cette distinction, qui n’est là que sommairement indiquée, est l’objet de longs développements qui forment la section V de l’ouvrage, et que l’on peut résumer de la manière suivante. L’action de l’État embrasse tout ce qui intéresse le développement de la vie physique, intellectuelle, morale et économique de la nation. L’État doit notamment intervenir dans l’ordre économique pour faire naître les conditions les plus favorables à la prospérité de toutes les économies privées dont l’ensemble constitue l’économie générale (volkswirthschaft). Voilà le premier point à examiner : comment et dans quelle mesure l’État doit intervenir dans l’ordre économique ; c’est là l’objet de l’administration économique (ökonomische verwaltung, Volwirthschaftspflege). Vient maintenant ce qu’on pourrait appeler la question des voies et moyens, la question des finances (Die finanz, das Finanzwesen), qui ne se rapporte pas seulement à l’ordre économique, mais à tous les intérêts intellectuels et moraux de la nation qui ne peuvent être assurés que par l’État, représentant des intérêts communs. L’objet essentiel de la science des finances est de déterminer le sacrifice que chaque économie privée doit faire afin de mettre l’État en mesure d’atteindre ce but, en proportionnant ce sacrifice à l’avantage que chacune d’elles retire des ser-

  1. Voir la note 6 ci-dessus.
  2. Ce sont les termes mêmes du prospectus signé par l’éditeur, mais qui a été évidemment inspiré par l’auteur.