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De la signification du terme Richesse dans les temps anciens.


Nous avons donc à rechercher ici cette qualité générale unique qui donne aux choses le caractère de richesse.

Aristote disait, il y a plus de deux mille ans, « Χρήματα δὲ λέγομεν πάντα ὅσων ἡ ἀξία νομίσματι μετρεῖται. » Nous appelons richesse toutes choses dont la valeur peut s’apprécier en argent.

Ainsi, pour Aristote, la possibilité de l’échange, l’aptitude à être acheté et vendu, voilà le critérium essentiel de la richesse. Tout ce qui peut être acheté ou vendu, ou dont la valeur peut être appréciée en argent, constitue donc une richesse, quelle qu’en puisse être la nature ou la forme.

Nous avons là une excellente définition, qui ne contient qu’une idée générale, et qui, par suite, est propre à faire la base d’une grande science. Cette seule phrase d’Aristote est en réalité le germe, d’où doit sortir toute la science économique, comme d’un chétif gland sort un chêne immense.

Ayant ainsi trouvé la qualité générale qui caractérise la richesse, nous avons à découvrir, en second lieu, combien il y a d’ordres différents de choses qui peuvent être vendues et achetées ou dont la valeur peut s’apprécier en argent, qui en autres termes sont susceptibles d’échange.

Tout d’abord, il y a des objets matériels d’espèces fort nombreuses, telle que la terre, les maisons, la monnaie, le bétail, le blé, les bijoux, etc., qui peuvent tous être achetés et vendus, auxquels personne ne refuse le caractère de richesse et dont il serait dès lors inutile de parler davantage.

Mais il existe d’autres genres de quantités dont la valeur peut s’apprécier en argent, et dont nous avons maintenant à nous occuper.

Il nous est parvenu un ouvrage ancien remarquable, qui est à ma connaissance le premier traité régulier consacré à une question économique. C’est l’« Eryxias » ou « De la Richesse. » On l’attribue ordinairement à Æschines Socraticus, disciple de Socrate ; mais les critiques sont unanimes à le déclarer apocryphe. Des autorités accréditées le font remonter aux premiers temps de l’école péripatéticienne.

Le thème de ce dialogue est celui-ci. Les Syracusains avaient