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ne me paraît pas avoir été prise en considération. Les amis de la science économique doivent s’en féliciter, comme aussi de ce que l’économie politique figure parmi les matières d’examen. Il ne faut pas seulement voir dans l’examen une sanction à l’adresse des mauvais élèves ; il est une continuation du cours, de l’enseignement. Lorsque le professeur se trouve en présence d’un bon élève, laborieux, attentif, et qui ne répond cependant pas d’une manière satisfaisante le jour de l’examen, il peut y avoir là l’indice d’une modification à apporter dans la manière de présenter telle ou telle théorie. L’examen est bon pour le maître et pour l’élève ; si les bons maîtres font les bons élèves, il est aussi vrai que les bons élèves font les bons maîtres, et qu’on apprend en enseignant.

Aurait-on pu résoudre le litige entre les trois Facultés par un partage ? « La théorie de la répartition appartient au groupe des sciences juridiques. Les législations civiles, commerciales ou pénales, en tant qu’elles s’occupent des biens, ne sont que les applications des principes de la répartition. C’est la seule branche de l’économie politique, à vrai dire, qui se rattache directement à l’enseignement donné dans les Facultés de droit. Les trois autres trouveraient mieux leur place dans les Facultés des lettres et des sciences[1]. » Ainsi s’exprime M. Charles Gide. Que mon excellent collègue de Montpellier ait voulu marquer ainsi, en l’accentuant, le caractère distinctif des diverses parties de la science économique, je n’y contredirai pas absolument ; mais je repousserais la proposition d’un démembrement en trois cours faits dans des établissements différents : 1o  à la Faculté des lettres, un cours comprenant la théorie de la richesse et de la valeur ; 2o  un cours de production et de consommation de la richesse, à la Faculté des sciences ; 3o  un cours de répartition de la richesse, à la Faculté de droit. Je préfère encore la prévision de M. Gide, qui, après avoir constaté qu’il y a là trois sciences distinctes, entrevoit le jour où « elles se sépareront complètement du tronc commun et vivront de leur propre vie. » Soit ! mais ce tronc sortira apparemment de terre dans la même Faculté, quelque chose comme la Faculté des sciences camérales, comme elle existe, ou du moins telle que je l’ai connue à l’Université de Tubingue

  1. Charles Gide, Principes d’économie politique, page 3 et note 1.