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PREMIÈRE ANNÉE, — NM.

UN NUMÉRO : 30 CENTIMES.

5 DÉCEMBRE 1863.

REVUE

COURS LITTÉRAIRES

DE LA FRANCE ET DE L’ÉTRANGER

LITTÉRATURE — PHILOSOPHIE — THÉOLOGIE — ÉLOQUENCE — HISTOIRE LÉGISLATION — ESTHÉTIQUE — ARCHÉOLOGIE

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Piédactiur en clief M. ODYSSE BAROT

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Droit de la natare et do» gens. — Cours de M. Ad. Franck :La paix et la guerre.

liitlératnres étrangères, — Cours de M. Phiurèie Chaslbs : Les autobiographes anglais. — Les voyageurs.

Théologie catliolique. — Revue générale do l’année 1803 à la Faculté de Paris, par M. l’abbé Bazin.

Uistoirc dos législations comparées. — Cours de M. ÉDOUAnD Laoûllave : Coup d’œil sur les le ;«ns de 1863.

Revue littéraire, par M. Odvsse-Barot.

DROIT DE LA NATURE ET DES GENS.
COURS DE M. ADOLPHE FRANCK.
(collège de france.)
La paix et la guerre.
I

M. Adolphe Franck vient de consacrer ses leçons de 1863 à l’histoire du droit de la nature et des gens, depuis ses origines jusqu’à notre époque, depuis Grotius jusqu’à M. Proudhon. Il a fait passer successivement devant les yeux de ses auditeurs toutes les idées qui se sont fait jour dans ces trois derniers siècles. Trois écoles se sont partagé ses études : l’école théocratique, représentée par Mariana, Suarez, de Ronald, Joseph de Maistre ; l’école utopique : Harrington, Thomas Morus, Campanella, Fourier, Saint-Simon ; enfin l’école libérale : M. Guizot, Lamennais, etc.

Mais en dehors de ces trois écoles, je rencontre, dit M. Adolphe Franck, un fait considérable qui nous arrête : c’est la négation, le paradoxe, érigés en doctrine ; la négation, le paradoxe, armés d’un talent prodigieux, sachant manier avec art la dialectique, ne cessant de ruiner les bases de tout ordre social pour établir le règne avoué de l’anarchie.

Parler en ces termes, c’était se dispenser de nommer M. Proudhon. Nous ne suivrons pas le savant professeur dans la critique de toutes les idées du célèbre publiciste. Il est des questions qu’il ne nous est pas permis d’aborder ; nous nous contenterons de donner les deux leçons consacrées par lui à l’examen des théories de M. Proudhon sur le droit des gens, sur la paix et la guerre. Ceci est de la conscience pure. — Muller.

Les idées de M. Proudhon sur le droit des gens sont développées dans un ouvrage qui a pour titre, comme le traité de Grotius : La paix et la guerre. Dans une préface non moins curieuse que le livre lui-même, l’auteur affirme et cherche à démontrer que la science du droit des gens, du droit international, n’existe point ; qu’il n’y avait avant lui absolument rien qui pût servir de point d’appui aux notes des diplomates, aux conversations des gens politiques et des gens du monde. Il nous est impossible de ne pas protester contre une pareille témérité, contre cette ignorance volontaire de tout ce qui s’est fait. Non, mille fois non. La science du droit international a été connue plus qu’aucune des sciences sur lesquelles reposent les notions de l’ordre social. Non-seulement cette science a été connue, mais au xviie siècle elle a reçu une noble et vigoureuse impulsion entre les mains de Grotius, plus tard entre les mains de ses successeurs. Elle s’est développée dans les œuvres de Kant, de Montesquieu.

Nous pouvons en trouver des traces dans la plus haute antiquité. Les principes fondamentaux du droit des gens, du droit naturel en général, on les rencontre dans les œuvres de Platon, dans les œuvres d’Aristote ; ce sont les stoïciens qui nous ont appris que ce monde tout entier est une seule ville dont tous les hommes sont les concitoyens ; que l’univers tout entier est une même cité régie par le même droit, par les mêmes lois ; que les hommes ne forment entre eux qu’une société ; que le lien de cette