Page:Revue archéologique, série 5, tome 5, 1917.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mentionné d’ailleurs par Tchaou Ta-Kouan, huit siècles plus tard). Nos figures 3 et 7 attestent enfin que de tout temps les Cambodgiens donnèrent à leurs embarcations l’aspect d’un animal marin ou mythique, monstre ou oiseau.

Je n’ai trouvé nulle part, dans les monuments, le roof en demi-cercle des embarcations modernes, principe de la cabine centrale et semblable à celui des charrettes. Mais à défaut des bas-reliefs, le texte de Tchaou Ta-Kouan nous certifie qu’il était en usage, ce que je crois : « Ils recouvrent les barques de feuilles de Kiao maintenues par des lattes d’aréquier » (traduction Pelliot).

La navigation fluviale, au Cambodge, telle qu’elle pouvait se pratiquer jadis, n’a jamais nécessité d’ancre. Les embarcations grandes ou petites devaient à leur quille ronde et à leur infime tirant d’eau la facilité d’aborder partout. Enfin, pour les mêmes raisons de construction, une simple rame libre ou fixée à l’arrière par le pilote tenait lieu de gouvernail. Sur l’immense déroulement des bas-reliefs, la centaine de jonques représentées sont sans exception dépourvues d’ancre et de gouvernail. Il en est de même des sampans modernes.

Nous pouvons donc établir, sans que la pierre, les textes ni les coutumes modernes nous démentent, les caractères de la batellerie cambodgienne ancienne : construction monoxyle, cabine centrale, ni ancre, ni gouvernail.

II

Dans les sculptures, toutes ces embarcations voguent sur des rivières poissonneuses, sur des lacs et même sur les bassins sacrées des temples (Bayon, face sud). La plus petite est guidée par un pagayeur assis à l’arrière (fig. 1, Banteai-Chma). Ailleurs, un lanceur d’épervier est posté à l’avant (Bayon). À Banteai-Chma, deux hommes transportent une nasse qu’ils vont jeter en un lieu favorable. D’après les proportions ; ces