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vre H, et donnez-moi ma résolution sur la tonique ». Mais bientôt, on ne sait comment cela se fit, il arriva qu’un merveilleux C se trouva là. L’H touchait à sa résolution en C, avec le nom de Cosima. Ô douce Polyhymnie ! Ô miracle de la musique ! Dans les joies et dans les souffrances de l’amour, H se confondit entièrement en C. »

Bien allemand, n’est-il pas vrai ?

La situation des théâtres ne paraît pas brillante pour le moment en Italie. « L’automne est maintenant terminé, dit un journal de Milan, et il a été peu propice aux théâtres lyriques, qui, presque tous, ont terminé la saison avec un passif plus ou moins considérable. Dans plusieurs, les pauvres artistes ont dû même subir des diminutions sur leur maigres appointements, et cela non seulement de la part des impresarii, qui presque tous sont à plaindre plus qu’eux-mêmes, mais de la part des entreprises municipales. »

De Rome : Le Giornale d’Italie publie une interview de M. Léoncavallo qui n’est rien moins que tendre pour la jeune école musicale allemande. Voici quelques extraits :

« L’Allemagne moderne ne possède plus un seul compositeur, mais un tas de musiciens médiocres qui ne méritent pas le nom de compositeurs. N’importe quel auteur italien de second ordre serait le bienvenu en Allemagne.

L’Empereur, qui connaît cette pauvreté nationale, s’est dit : Léoncavallo est l’homme qui pourra accomplir ce qu’aucun de mes Allemands n’est capable de faire. » C’est pourquoi il a fait appel à moi pour populariser l’idée impérialiste en Allemagne. L’empereur est tellement ravi de mon Roland de Berlin qu’il a qualifié mon opéra de « musique shakespearienne ».

Les attaques auxquelles les chauvins allemands se sont livrés contre ma personne ont très péniblement impressionné l’Empereur. En y faisant allusion, Guillaume ii m’a dit, avec un sourire amer :

« — Maëstro, vous avez des ennemis à Berlin, mais sachez que ce sont moins vos ennemis que les miens. »

Cette interview a été télégraphiée d’ici à Berlin, où elle suscitera de violentes polémiques.

Ajoutons que M. Léoncavallo, à son retour dans sa ville natale, a été l’objet de manifestations enthousiastes. Le Conseil municipal l’a nommé citoyen d’honneur de la ville.

À propos de l’exécution d’Alceste, à l’Opéra-Comique, reproduisons cette anecdote assez piquante, découpée dans le numéro du Journal de Paris du 21 janvier 1777 :

« On donnait la semaine dernière, à l’Opéra, Alceste, tragédie de M. le chevalier Gluck, Mlle Levasseur jouait le rôle d’Alceste ; lorsque cette actrice, à la fin du second acte, chanta ce vers, sublime par son accent : « Il me déchire et m’arrache le cœur », une personne s’écria : « Ah ! mademoiselle, vous m’arrachez les oreilles. » Son voisin, transporté par la beauté de ce passage et la manière dont il était rendu, lui répliqua : « Ah ! monsieur, quelle fortune, si c’est pour vous en donner d’autres ! »

BIBLIOGRAPHIE

L’Art du Théâtre.

Au sommaire du no  de janvier de l’Art du Théâtre : le Roi Lear au Théâtre Antoine et Carmen.

La « Millième » représentation de Carmen à l’Opéra-Comique donne matière, bien que la Première ne remonte pas à trente années, à une fort curieuse histoire rétrospective. À côté des interprètes actuels, Mlles Calvé et Marie Thierry, MM. Clément et Dufranne, l’Art du Théâtre publie des photographies et des reproductions de tableaux représentant les interprètes de la création, Mme Galli-Marié et M. Bouhy, les auteurs : Bizet, Mérimée, Meilhac et Halévy, les Carmen célèbres : Mlles Delna, Georgette Leblanc, Litvinne, Nardi, de Nuovina, etc.

L’Art du Théâtre envoie un numéro spécimen franco contre 1 franc en timbre-poste.

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.