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avec hauteur, je vous paye et jamais plus je ne mettrai les pieds dans votre boîte. Vous m’avez traité, c’est vrai, mais sans délicatesse. Vous m’avez hébergé sans grâce et nourri sans affabilité. Vous m’avez fait sentir le poids de ma misère. À mon tour de vous faire sentir mon opulence. »

Et ayant jeté avec un geste large les trois cent francs sur une table, M. Puccini s’en fut en faisant claquer les portes et sonner à ses talons d’imaginaires éperons…

M. Puccini s’attarde à ces savoureux détails avec quelque complaisance et quelques regrets bien légitimes. Et s’il aime à raconter ce qu’il était alors qu’il n’était rien, comment résisterait-il au plaisir de se raconter maintenant qu’il est devenu quelqu’un ? Sur ce sujet malgré une évidente réserve, le compositeur parle avec une grande abondance.

Il avoue qu’il n’a jamais pu diriger une de ses propres œuvres. Dès qu’il a en main le bâton de mesure, il garde le bâton, mais perd toute mesure. Il est très nerveux et, les soirs de ses premières, il convient facilement qu’il n’est pas « à prendre avec des pincettes » (sic).

Son bagage musical est très important quand on pense qu’il n’a que quarante-six ans. À part son œuvre de début, Le Villi, et Edgard, son deuxième ouvrage, dont il avoue que le livret ne valait rien, il y a encore cette jolie Bohème et la Tosca, Manon Lescaut et Madame Butterfly. Sur ce lit de roses et de lauriers, M. Puccini ne s’endort pas : il songe à écrire un nouvel opéra sur le thème d’Esmeralda de Hugo ; et d’autre part, il a demandé un livret à Maxime Gorky. Si l’écrivain des Trois consent à l’écrire, cela fera un mélange terriblement international, mais qui ne sera pas sans saveur.

M. Puccini parla encore de son fils, qui n’entend rien à la musique, ce dont il déclare se féliciter. Et en hôte déférent, M. Puccini confia à notre confrère anglais son admiration profonde pour la musique britannique.

M. Puccini connaît les usages.

Chronique Lyonnaise

La trêve des confiseurs a été comme chaque année la trêve des musiciens. Depuis quinze jours, aucun concert.

Au Grand-Théâtre, l’Étranger est bien accueilli. Selon son habitude, M. Broussan, dès la troisième représentation, a modifié la distribution des rôles : Mlle Pierrick chante maintenant le rôle de la mère de Vita, créé par Mme Hendrickx et elle est elle-même remplacée au premier acte par une dame ridicule et aphone, détentrice habituelle du rôle de Dame Marthe dans Faust.

Mlle Pierrick a également succédé à Mlle Claessen dans le rôle de Vénus de Tannhæuser et elle s’y montre très intéressante avec sa plastique imposante et sa voix très belle toujours en progrès.

Hier soir a été donnée la reprise de la Favorite dont nous rendrons compte dimanche prochain.

Voici, à titre documentaire, la liste des ouvrages représentés au Grand-Théâtre, du 20 octobre au 31 décembre, avec le nombre de représentations :

Les Huguenots, 6 ; Tannhæuser, 5 ; Guillaume Tell, 4 ; Hamlet, 4 ; Samson et Dalila, Sigurd, 3 ; Faust, 8 ; Armide, 11 ; l’Africaine, 6 ; Carmen, 4 ; Lohengrin, 3 ; Salammbo, 3 ; Rigoletto, 2 ; l’Étranger et Gretna-Green, 2.

Concerts annoncés

Lundi, 9 janvier, à la salle Philharmonique, concert Ernesto Consolo et Maria Gay. Au programme, pièces de Chopin, Bach, Scarlatti, Schumann et Sgambati pour piano ; morceaux de chant de Scarlatti, Giordano, Bononcini, Durante, Schumann et Grieg. (Location chez MM. Janin, 10, rue Président-Carnot).

Lundi, 23 janvier, concert Colonne avec le concours du jeune pianiste prodige Horszowski (Location chez M. Dulieux, 98, rue de l’Hôtel-de-Ville).

HORS LYON

ROANNE.

Dans son numéro du 25 décembre, le Journal de Roanne a publié l’écho suivant :

À propos des Sainte-Cécile

Dans le dernier numéro de la Revue musicale de Lyon, M. Léon Vallas donne, d’après le Journal de Roanne, les programmes des œuvres exécutées pour la messe de Sainte-Cécile ar les différentes sociétés de Roanne, et y ajoute les réflexions suivantes :

« Nous nous abstiendrons de juger, au point de vue artistique, ces manifestations