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l’avis général ; le puissant choral fait naturellement un grand effet.

Une page symphonique singulièrement robuste, c’est le Prélude du dernier acte de Messidor, donné à l’Opéra en 1897 ; d’abord faibles et épars, les sons s’affermissent bientôt, montent et s’élargissent en des chants simples et vigoureux ; en entendant ce morceau, où Alfred Bruneau évoque des scènes rustiques, il semble que l’on respire la forte senteur de la campagne au printemps ; ce n’est pas un pittoresque descriptif quelconque qui fait le charme de ce choral de la terre, superbe et un peu lourd, solennisant la fécondité de la nature et le labeur du paysan. Œuvre conçue avec sincérité et fortement charpentée.

Les mêmes qualités font la valeur de la troisième symphonie de Johannes Brahms, datée de 1883, et que Hans de Bulow admirait au point de composer ainsi le programme d’un concert : 1e partie, symphonie en la de Brahms ; 2e partie, symphonie en la de Brahms.

Les trois accords du début forment comme un lien entre les parties de cette œuvre solide ; les deux thèmes du premier morceau s’opposent, l’un grave et pur, l’autre ardent ; l’Andante est d’une exquise douceur, l’Allegretto d’un curieux travail, et le Finale se développe avec une force triomphale ; pourquoi le public français est-il si lent à goûter les œuvres sereines du maître hambourgeois ?

Tandis que Lyon accueille la personne et les œuvres de Vincent d’Indy, on acclame à Paris la musique tour à tout bigarrée, tendre, mélancolique, héroïque, funèbre de la vivante trilogie de Wallenstein.

Des fragments des Indes galantes de J.-P. Rameau, vieux de 170 ans et très populaires au xviiie siècle, ont vérifié la prophétie d’un critique de l’époque : « La musique de cet acte, pleine de force, d’harmonie et de caractère, fera toujours le plaisir des amateurs. » Le fameux Air des Sauvages est une jolie danse au rythme ferme, qui devient l’accompagnement d’un duo entre le héros et l’héroïne de cette bergerie américaine ; la chaconne qui termine l’entrée, de noble ordonnance et de grâce pompeuse, avec des trompettes sonnant clair, inspire le désir de faire plus ample connaissance avec le vieux maître français, et surtout de comparer, sans dénigrer l’une au profit de l’autre, sa musique tragique à celle de Gluck.

Les vieux maîtres saxons sont également honorés ; la Cantate pour tous les temps, c’est-à-dire pouvant convenir à tous les jours de l’année, composée par Jean-Sébastien Bach en 1714 a excité un vif intérêt, tant par la force des chœurs et le style expressif des soli que par le finale polyphonique grandiose ; un duo d’une superbe élévation entre le Christ et une âme affligée est un véritable dialogue de l’Imitation. Récemment à Versailles on exécutait des œuvres de Rameau, Corelli, Hændel, Bach, et à Paris un concerto pour deux violons empreint de cette bonhomie majestueuse, de ce mélange de pompe et d’honnête simplicité qui caractérisent la statue de Hændel érigée sur la vielle place si pittoresque de Halle.

Paul Forest.

Le Répertoire du Gd-Théâtre

de 1832 à 1904

Au cours de ses recherches en vue de l’Histoire de la musique à Lyon qu’il prépare, notre distingué collaborateur Antonine Sallès a établi la liste complète des œuvres nouvelles montées au Grand-Théâtre depuis 1832.

Nous reproduisons ci-dessus cette liste dont nos lecteurs apprécieront l’importance et l’intérêt.

1832-1833 (artistes en société sous direction Boucher. — Crémont, chef d’orchestre)

Le Pré aux Clercs, d’Hérold.

1833-1834 (direction Lecomte)

La Juive, d’Halévy (31 octobre).

Tancrède, de Rossini (31 janvier).

Robert le Diable, de Meyerbeer (10 mars).

1834-1835 (direction Provence)

L’Estocq, d’Auber (1er janvier 1835).

Le Chalet, d’Adam (16 janvier).

Le Pirate, de Bellini (25 février).

La Prison d’Édimbourg, de Carafa (26 mars).

1835-1836 (direction Provence. — Verdelet, chef d’orchestre)

Gustave iii, d’Auber (24 septembre).

La Marquise, d’Auber (11 octobre).

Le Cheval de Bronze, d’Auber (8 avril).