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Un confrère italien nous donne le moyen de remédier à cette habitude de faire bisser, qui trouble plus le plaisir de l’auditeur qu’il ne l’augmente. Pour faire perdre au public, dit ce journal, la mauvaise habitude de réclamer des bis d’autant plus indiscrets qu’ils fatiguent les artistes et augmentent les frais d’éclairage, un impresario de notre connaissance a affiché, dans le vestibule de son théâtre, l’avis suivant :

« Les personnes qui désireraient la répétition, tant de morceaux de l’opéra que de fragments du ballet, sont priées de s’inscrire au contrôle. Le spectacle, une fois terminé, et sous le bénéfice du payement préalable par les personnes inscrites, d’un second billet d’entrée, on leur exécutera tous les bis qu’elles désireront. »

Dans le Ménestrel, M. Arthur Pougin rappelle les critiques de Fétis sur la Symphonie en la, de Beethoven :

« C’est quand il parle du final, ce final merveilleux, que la critique de Fétis donne prise elle-même à la critique. Voyez plutôt : « Le final est une de ces créations inconcevables qui n’ont pu sortir que d’un cerveau sublime et malade. Qu’il y ait un plan, une idée première dans l’ensemble de ce morceau, c’est ce qui est vraisemblable ; mais les saillies extravagantes y sont jetées avec tant de profusion que ce plan échappe à l’attention la plus scrupuleuse ( !  !). Toutefois, telle est la puissance d’un grand caractère d’originalité, que, malgré la fatigue que fait éprouver le mélange de ravissantes inspirations et de bouffonneries ridicules, malgré le regret de voir tant de génie gâté par un goût si dépravé, nul n’est sorti sans rendre hommage à l’homme extraordinaire qui enfante de pareilles choses. Car tel est l’effet des défauts mêmes de Beethoven, qu’ils peuvent contrarier, impatienter, mais non laisser indifférent. » Les « saillies extravagantes », les « bouffonneries ridicules », « le goût dépravé » de Beethoven. Ceci nous prouve, ô critiques, mes frères, que nous devons toujours tourner sept fois notre plume dans nos doigts avant de formuler un jugement sur une œuvre importante. »

Il est regrettable que M. Pougin, le sympathique doyen de la critique française, ne se soit pas toujours rappelé cet excellent précepte avant de porter certains jugements excessifs sur Wagner et les compositeurs modernes.

Le Guide Musical nous en révèle une bien bonne :

« En parcourant le Nouveau Larousse illustré, je tombe en arrêt devant l’article « Critique musicale » et je lis : « Quoique les littérateurs en grand nombre aient la prétention d’entretenir le public de tous les évènements qui se rapportent à la musique, quoique la plupart d’entre eux même soient musiciens, il en est peu qui aient pu acquérir l’autorité nécessaire pour exercer une véritable influence et l’on ne voit guère à citer que les noms de Ernest Reyer, Victorin Joncière, Arthur Pougin, Camille Bellaigue, Adolphe Jullien, etc., etc. »

L’article est signé : Arthur Pougin.

Necker a dit : « Il faudrait se regarder à distance et se juger sans amour, sans aigreur, comme une simple connaissance. »

M. Édouard Sonzogno ouvre un concours de livrets d’opéra pour les auteurs italiens, avec deux prix, l’un de 25.000, l’autre de 10.000 francs. Les livrets présentés doivent être en trois ou quatre actes. Ils seront écrits soit en vers ordinaires, soit en « semi-rythme », soit en prose, ou partie en vers et partie en prose. Le sujet devra être de l’invention du poète, c’est-à-dire tout à fait original. Aucune restriction n’est apportée au genre de ce sujet, pourvu qu’il soit théâtral. M. Sonzogno se réserve la faculté de faire mettre en musique les deux livrets couronnés par des compositeurs de son choix. Enfin, les auteurs de ces deux livrets seront tenus, sans aucune compensation pour ce travail, d’y apporter toutes les modifications qui seraient nécessitées par des raisons musicales. Le concours sera clos le 31 décembre 1905, à minuit.

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.