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classique avec laquelle il exécuta une pittoresque Fantaisie Écossaise de Max Bruch, le prélude du Déluge de Saint Saëns et des pièces de Vieuxtemps et Brahms.

Mlle Mélanie Marzo, une excellente élève de Philipp et Marmontel, interpréta le Beethoven avec un bon style et une fort jolie qualité de son : malgré de légères défaillances de mémoire bien excusables chez une jeune débutante, ce fut une délicate impression de l’entendre dans diverses pièces de Chopin. Mais pourquoi pousser l’amour de ses maîtres, jusqu’à jouer leurs œuvres ?

S.

Symphonie Lyonnaise

Nous extrayons du programme du dernier concert de la Symphonie Lyonnaise, les lignes suivantes qui rappellent l’histoire d’un concert donné le 22 décembre 1808, à Vienne, par Beethoven et par lesquelles, à ce propos, la direction du vaillant orchestre d’amateurs de M. Mariotte, dit son fait à la Presse en général et à un de nos confrères, en particulier, qui s’était permis, il y a peu de temps, de faire quelque critiques, peut-être un peu virulentes, sur l’exécution du programme du précédent concert :


« Le programme comportait : la symphonie pastorale (composée concurremment avec celle en ut mineur, et qui portait alors le numéro 5, qu’elle garda jusqu’en 1813), la symphonie en ut mineur, des fragments de sa Messe en ut et la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre. L’exécution d’un pareil programme n’alla pas sans quelques difficultés. Un article de la Gazette musicale, de Leipzig, raconte même l’anecdote suivante : « À un moment donné (à la reprise du thème de la Fantaisie) les clarinettes se trompent et occasionnent une grande confusion de sons. Beethoven s’agite et cherche à faire taire les clarinettes, mais en vain. Alors il arrête l’orchestre en criant : Silence, silence, cela ne va pas ! Recommençons. — Et l’orchestre désappointé dut recommencer. »

« À la reprise tout alla bien, et l’effet fut très grand » ajouta un historien, mais ce qui est infiniment probable c’est que le public dût pas mal s’amuser de l’incident et qu’il ne dût pas manquer de critiques musicaux pour en faire des gorges chaudes…, car ces choses n’ont guère changé. — Quoiqu’il en soit, l’anecdote en question prouve que Beethoven, pour présenter au public des œuvres aussi importantes à tous égards, n’avait pas cru indispensable de recruter un orchestre de premier ordre et s’était contenté d’un ensemble assez modeste, — (tant il est vrai qu’une hautaine exigence est le fait de la médiocrité plus souvent que du génie, et qu’une réelle supériorité d’âme ne va pas sans quelque intelligente indulgence) — ; et cette constatation n’est pas sans apporter à la Symphonie Lyonnaise le réconfort d’un précieux encouragement.

Car il se trouvera certainement quelques personnes à juger quelque peu « risquée » de la part d’une société composée pour la plus grande partie d’amateurs, l’exécution d’une œuvre aussi difficile et belle que la Symphonie en ut mineur. Le reproche serait juste si la Symphonie émettait la prétention de donner des exécutions parfaites. Tel n’est point cependant le but immédiat de la Société, et il semble utile de profiter de l’occasion qui s’offre pour rappeler nettement le caractère essentiel de son entreprise.

Avant tout, la Symphonie lyonnaise cherche des programmes intéressants, elle veut stimuler le dévouement de ses sociétaires, rendre leur travail plus attrayant et fécond, en leur permettant d’approfondir les chefs d’œuvres classiques, que l’on ne connaît jamais trop, en les mettant à même d’apprécier de belles œuvres modernes. En même temps que ses sociétaires, elle espère intéresser également ses amis et les amis de la musique, en leur donnant, de ces œuvres, des exécutions suffisantes pour raviver en ceux qui les connaissent le souvenir des émotions éprouvées à de précédentes et meilleures auditions, suffisantes aussi, à ceux qui les ignorent, pour leur y faire goûter et leur inspirer le désir de les mieux connaître. Et c’est à ce double but que la Symphonie lyonnaise a la modeste ambition et le ferme espoir de parvenir. »

Nous ferons preuve « d’intelligente indulgence » afin de faire croire à notre « réelle supériorité d’âme » et nous dirons que la Symphonie lyonnaise joua mercredi, dans les meilleures conditions, la Symphonie en ut mineur, le Menuet d’Orphée, la Suite d’Holberg de Grieg et la Suite pastorale de Chabins.

Une élève de notre Conservatoire, douée