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tante pratiquement, s’explorera de la façon suivante. Soit une note, ut naturel, par exemple, donnée à l’aide d’un diapason ou plus ordinairement d’un piano. On jouera une gamme chromatique allant de sol à l’octave, la première fois ; de fa à l’octave, la seconde ; de sol à l’octave, la troisième. La note proposée doit être reconnue au passage. Les erreurs se compteront par demi-ton.

D’autres mentals tests de même nature pourront compléter celui-ci et le corroboreront utilement. Au lieu d’une note, on devra reconnaître un accord parmi la série des accords de même espèce, à fondamentales chromatiquement montantes. On devra par exemple reconnaître l’accord parfait majeur d’ut, dans la suite des accords parfaits majeurs de sol’’, sol dièze, la etc, jusqu’à l’octave du sol initial.

De même, un arpège étant donné, il faudra le retrouver au passage dans une succession d’arpèges à points de départ distants les uns des autres d’un demi ton chromatique.

Il s’agira en dernier lieu de reconnaître un thème proposé reproduit ensuite dans une série de tonalités régulièrement et chromatiquement croissante.

L’expérimentateur doit être mis en garde contre une difficulté assez délicate. Le sujet en expérience peut, à l’audition de la note à reconnaître, s’en former une sorte d’empreinte laryngée, par le chantonnement intérieur, de telle sorte que la détermination sera moins un processus de mémoire qu’une comparaison entre les notes entendues et celle initiale constamment retenue et répétée. Il faut exiger de la bonne foi du sujet qu’il renonce à une telle pratique, sans quoi l’expérience est radicalement nulle. D’autre part les musiciens exercés n’auront pas recours à la mémoire, mais au jugement. Ils détermineront d’emblée la hauteur de la note, la fondamentale de l’accord, le point de départ de l’arpège, la tonalité du thème, et n’auront ensuite qu’à désigner celui auquel le jugement attribue une même étiquette dans la série des présentations ultérieures. Mais ceci supposant un exercice réacquis de mémoire musicale, il sera juste de les équationner par l’absence de toute faute, et le maximum de 10.

C. Le mental test de la mémoire du rythme[1] consistera à reproduire dans des mouvements divers un thème identique, préalablement proposé dans un mouvement déterminé. Les erreurs se nombreront d’après les différences relevées selon le métronome.

À cette même modalité mémoriale ressortit le test suivant : faire répéter un dessin, exclusivement rythmique, comme est un motif de caisse roulante à découvert. Les erreurs se coteront proportionnellement aux différences relevées entre les longueurs des notes (croches, noires, etc.), du thème, et celles de la répétition.

D. Nous entendons par mémoire harmonique un degré supérieur de la mémoire tonale, permettant de reconnaître l’ordre et la disposition des notes simultanément frappées. Dans une première classe de mentale tests, on proposera par exemple l’accord parfait d’ut majeur. Le sujet devra le reconnaître ensuite dans la série formée des diverses positions de cet accord (état fondamental et renversements).

Dans une seconde classe, on joindra au groupe des renversements, celui des accords de même nature (consonants ou dissonants naturels), mais de mode opposé, ou comportant des altérations (par suppression ou adjonction) qui n’en changent point la catégorie. On pourra donc, en prenant le même exemple, faire retrouver l’accord parfait d’ut majeur proposé dans une série faite de :

  1. Nous employons ici le mot rythme dans son double sens, l’un général, de mouvement, l’autre particulier, de rythme musical.