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jours admirable. Elle était bien entourée par M. Verdier, notre excellent ténor, qui manifeste malheureusement une tendance chaque jours plus grande à l’exagération du geste, par M. Dangès qui composa avec une sobre vigueur le rôle difficile de Frédéric, et par M. Roosen, héraut à la voix généreuse. Nous n’avons pas beaucoup goûté Mme Hendrickx, dont la voix est vraiment insuffisante pour chanter Ortrude, et nous ne comprenons guère que M. Bourgeois (le Roi), compromette inutilement sa belle réputation en suivant l’exemple regrettable de beaucoup de grands artistes, tels que Van Dyck, ou Mme Caron, qui s’obstinent, après une brillante carrière de plusieurs lustres, à reparaître sur la scène avec les derniers restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint.

L’orchestre avec M. Flon, fut excellent en dépit d’un excès de sonorité, et les chœurs furent généralement convenables. Il est inutile d’ajouter que la mise en scène est absurde.

L. V.

Les Concerts de la Schola

Cette semaine fut une semaine triomphale pour M. Vincent d’Indy et la Schola Cantorum lyonnaise, et nous éprouvons, au moment de rendre compte des succès de l’un et de l’autre, un peu de cette pudeur instinctive dont on ne peut se défendre quand on doit dire la louange de personnes très intimes et très aimées. M. d’Indy est, en effet, pour nous non seulement le Maître incontesté de la musique française et l’Artiste très pur dont la noblesse et le désintéressement semblent d’un autre âge ; il est aussi un ami vénéré qui nous témoigna bien souvent à nous-même et à notre Revue un bienveillant et profond intérêt. Et d’autre part, nous avons été mêlé de trop près à la fondation de la jeune Schola, nous avons pris parti pour elle avec trop d’ardeur dans les heures difficiles de ses débuts, nous sommes enfin trop affectueusement lié avec son éminent directeur, G. M. Witkowski, pour ne pas craindre, en résumant avec enthousiasme une page magnifique de son histoire, d’être accusé d’indulgence excessive ou de parti-pris. Aussi préférons-nous laisser à d’autres le soin de rendre compte des deux soirées du 3 et du 7 décembre dont tous les journaux ont constaté le très grand succès, et nous contentons-nous de reproduire les articles consacrés à ces séances par deux de nos confrères de la presse quotidienne.

Léon Vallas.
CONFÉRENCE-CONCERT VINCENT D’INDY

La Schola Cantorum lyonnaise conviait samedi soir, ses membres actifs et honoraires à une soirée musicale à laquelle M. Vincent d’Indy avait bien voulu prêter son concours.

L’auteur de Fervaal et de l’Étranger, est en effet venu à Lyon, pour diriger l’exécution de son poème symphonique, le Chant de la Cloche, ainsi que du premier acte d’Alceste, de Gluck, au grand concert de la « Schola » qui aura lieu mercredi prochain. C’est cette circonstance qui a permis à un auditoire privilégié de l’entendre et de l’applaudir au double titre de conférencier et de compositeur.

Dans une substantielle mais élégante causerie, M. Vincent d’Indy a exposé avec une remarquable clarté l’évolution subie par la musique dramatique sous l’influence successive de Monteverde, de Lulli, de Rameau et de Gluck. Il a surtout mis en lumière les efforts de ces quatre grands musiciens tendant tous à un commun objet, c’est-à-dire à la sincérité et à la justesse de l’expression dramatique. De là leur influence prépondérante sur la conception toute moderne du drame lyrique.

Dans la seconde partie de la séance, nous avons entendu, avec un vif intérêt, une Fantaisie pour hautbois et piano que l’excellent Fargues a interprété avec son style habituel, le Lied pour violoncelle et piano, et un beau trio pour clarinette, violoncelle et piano, d’une facture vigoureuse et d’une inspiration très élevée.