Page:Revue Musicale de Lyon 1904-12-11.pdf/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
96
revue musicale de lyon

élèves, M. Andreas Moser, lui a prêté un concours dévoué, le maître a étudié ce que l’on pourrait appeler les secrets de l’art du violon ; mais si son ouvrage s’attache a présenter un exposé rationnel des principes et des procédés pratiques, ce n’est pas au détriment de la partie esthétique et purement musicale. Quel que soit en effet le degré de virtuosité que l’exécutant ait pu acquérir, il ne doit jamais négliger ce qui constitue, en somme, la plus haute culture. On aime à entendre dire ces choses par une voix autorisée comme celle de Joachim.

Un nouveau portrait original de J.-S. Bach a été découvert à Mayence par M. Frédéric Volbach, organiste compositeur. C’est une peinture à l’huile bien conservée, qui présente les traits de Bach d’une façon plus marquée avec des saillies plus tranchées que les reproductions que l’on a l’habitude de voir. Autour de la bouche et du nez se trouvent des sillons profonds qui sont loin de donner à la physionomie une apparence aimable, mais qui expriment bien l’audace, l’énergie et la véhémence de caractère. Les yeux ont été rendus avec un soin particulier ; ils expriment parfaitement la concentration de la pensée. Ce portrait, dont il a été impossible jusqu’ici de déterminer l’auteur, nous offre, du vieux maître, une image où respire une haute dignité morale, un génie puissant et une intensité de vie peu commune.

Les journaux allemands publient à l’envi ce petit récit, qui ne manque pas d’une certaine saveur :

Plusieurs artistes du corps de ballet de l’Opéra de Vienne, possédant une maison particulière, ont reçu une convocation du commissaire des impôts. Le corps de ballet comprend une quantité de beautés choisies qui ne gagnent guère plus de 30 florins (60 francs environ) par mois ; comment, avec cette modique somme, peuvent-elles avoir hôtel particulier, chevaux et voitures, diamants aux oreilles représentant dix ans de gages, toilettes et chapeaux de chez les premiers faiseurs, etc., etc. Le commissaire des impôts estime qu’elles doivent payer un impôt « à côté ». Les jeunes femmes répondent qu’elles ne possèdent rien, qu’elles reçoivent simplement quelques cadeaux et secours d’amis des arts dévoués. « Cela ne change rien à la chose, réplique le commissaire. D’après la loi autrichienne de l’impôt sur le revenu, les cadeaux, les secours, s’ils sont réguliers, doivent aussi être imposés et ils sont considérés comme réguliers lorsqu’ils ont lieu plus d’une fois. » Les danseuses s’emportèrent : « Il est possible que nous ayons reçu des cadeaux, des secours d’amis désintéressés ; qui dit que demain, il en sera de même ? » Finalement, comme toujours, force reste à la loi ; l’impôt provisoire sera perçu et calculé sur le loyer, multiplié par le chiffre 4.

Le Jongleur de Notre-Dame vient d’être joué à Bruxelles. Quelques jours avant la première Monsieur Massenet a envoyé la lettre suivante à MM. Kufferath et Guidé. IL faut lui réserver une place de choix dans l’innombrable collection des autographes du compositeur :

 « Mes chers directeurs,

Je suis « très seul » après vous avoir quittés… Votre chaude amitié me manque.

Espérons que tout marchera bien, c’est-à-dire espérons que le public sera pour nous ; vous avez tout fait pour lui offrir une représentation remarquable. Le maître Dupuis est si parfait ; son estime m’est très chère.

Toutes mes pensées reconnaissantes vont vers vous, vers vos artistes… vers votre beau théâtre…

Votre,

J. Massenet. »
Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.