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d’évolution de la musique en Finlande. Ces pages, combinées avec celles que l’auteur avait publiées précédemment, et rapprochées des renseignements très précieux que nous pouvons puiser dans l’Histoire de la musique, États scandinaves, un des petits volumes d’une documentation si précise qu’a écrits M. Albert Soubies, donnent un aperçu très complet et très instructif du développement de l’art musical « dans le pays des mille lacs, des forêts silencieuses, des bosquets solitaires, des chansons, de la poésie, de la réflexion, de la mélancolie, de la pauvreté, de l’honneur et de la fidélité ».

Le premier compositeur, né en Finlande, qui se soit fait une réputation, a été Bernhard Crusell (1775-1838). Il fut virtuose sur la clarinette. Sa grande notoriété lui est venue par ses mélodies sur des fragments de poèmes du cycle d’Esaias Tegnér, la saga de Fritjof, où se trouve racontée l’histoire d’amour du guerrier Fritjof et de la belle Ingeborg, traduite plus de vingt fois en Allemagne. Frédéric Pacius, que l’on appelle souvent le « père de la musique finlandaise », est né à Hambourg, en 1809. Il a fait représenter à Helsingfors deux opéras, la Chasse de Charles xii (1854) et Loreley (1857). C’est lui qui a doté d’un chant national son pays d’élection. Il a employé, notamment dans son intermède la Princesse de Chypre, des motifs populaires à cinq temps, forme rythmique fréquente en Finlande. Il est mort en 1891. Son beau-fils, Charles Collan (1828-1871), a écrit des marches avec chœurs qui sont parmi les morceaux favoris de la jeunesse du pays ; nous pouvons citer dans le nombre la Marche de Wasa, sur un texte de Zachris Topelius. Philippe de Schantz (1835-1865) fut un excellent et chaleureux chef d’orchestre. Il composa des lieder, des cantates, des hymnes patriotiques. Beaucoup d’autres musiciens mériteraient d’attirer l’attention, Waselius, Conrad Greve, Ingelius, Ehrström, Mohring, Gabriel Linsén, Richard Faltin, Martin Wegelius, enfin Robert Kajanus (né en 1856), qui a formé et qui dirige l’orchestre philharmonique d’Helsingfors. Il a mis en musique des fragments lyriques du poème héroïque finlandais Kalevala, et a composé des rapsodies, des tableaux symphoniques et une suite, Souvenirs d’été, sur des rythmes de danses populaires. Armas Järnefedt, né en 1869, a suivi les mêmes voies et s’est fait remarquer par la richesse de son instrumentation. Ernest Mielck, qui paraissait très bien doué, est mort en 1899, âgé de 22 ans. Jean Sibelius, qui naquit en 1865, a donné des preuves sérieuses de l’originalité de son talent ; son œuvre se compose actuellement de légendes d’orchestre, symphonies, poèmes symphoniques avec ou sans déclamation, morceaux de piano, mélodies, chœurs. Oskar Merikanto, né en 1868, est très apprécié pour ses romances, ballades ou chansons. Il a écrit un opéra, la Jeune fille de Pohja. Une mélodie de Sibelius, Était-ce un rêve ? et une berceuse de Merikanto, ont été chantées par Mme Ida Ekman, le 21 février 1904, aux Concerts-Colonne. Parmi les musiciens de la jeune école finlandaise, la plupart ont complété leur éducation musicale en dehors de leur patrie. Sibelius a travaillé à Vienne avec Goldmark, Mielck avec Max Bruch, à Berlin, Järnefelt avec Massenet, à Paris.

Nouvelles Diverses

La Société orchestrale d’amateurs Orchesterverein, de Munich, a fait entendre dans un de ses derniers concerts plusieurs ouvrages intéressants parmi lesquels nous mentionnons les suivants : Jephté, oratorio de Carissimi (1604-1674), une suite d’orchestre extraite de l’intermède pastoral de Rousseau, le Devin du village, un concerto pour deux pianos et orchestre, par W. Friedemann Bach, et l’ouverture du Barbier de Séville de Paisiello.

On annonce comme devant paraître à Berlin au commencement de 1905, le premier volume d’une publication qui sera sans doute des plus intéressantes pour les violonistes. L’auteur est le célèbre artiste Joseph Joachim, qui comptera bientôt soixante ans d’enseignement et soixante-quatorze années d’âge. Dans son travail, pour lequel un de ses