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revue musicale de lyon

Un de nos compatriotes, soliste à la Schola de Paris, M. Bourgeois, remplissait avec autorité le rôle du grand-prêtre et a fait montre d’une voix bien timbrée et d’une méthode excellente.

Pourquoi faut-il regretter que l’acoustique vraiment épouvantable de la salle ne permette pas de trouver une seule place où toutes les sonorités puissent être perçues simultanément et quand donc un ou plusieurs lyonnais feront-ils le beau geste de nous doter d’une salle spéciale de concert dont l’absence, aussi bien à Lyon qu’à Paris, d’ailleurs, est une honte pour le goût des Français et nous navre plus encore lorsqu’on admire les splendeurs de certaines salles étrangères telles que la Philharmonique de Berlin, les salles de Genève, de Londres, de Pawlosk, cette dernière contenant 10.000 personnes ?

A. F.

Concert Panthès

Mme Marie Panthès, le distingué professeur du Conservatoire de Genève, obtint lundi dernier un grand succès à la salle Philharmonique. Nous avons déjà, l’an dernier, loué les remarquables qualités de vigueur de charme et de compréhension de cette excellente artiste. Le programme de son récital, fort bien composé, comprenait la Sonate appassionata de Beethoven, diverses pièces de Bach, Scarlatti, Schumann, Liszt, Chopin et Chabrier, et pour terminer agréablement la séance, des morceaux de piano brillants et vides, de MM. Théodore Dubois et Amédée Reuchsel.

Concert annoncés

La Société Lyonnaise des Concerts de musique classique va reprendre la série de ses Concerts, dans la Salle Philharmonique.

Comme l’an passé, la Société donnera quatre séances pour lesquelles elles s’est assuré le concours des artistes suivants :

Premier concert, 19 décembre 1904, M. de Gref, pianiste ; M. Capet, violoniste.

Deuxième concert, 16 janvier 1905, Mme Samuel Kleeberg, pianiste ; M. Crickboom, violoniste, Mme Elsa Rueger, violoncelliste.

Troisième concert, fin février 1905, M. Malats, pianiste.

Quatrième concert, milieu mars 1905, le quatuor Hayot.

Les demandes d’abonnement doivent être adressées à M. Clot, éditeur de musique, rue de la République, 15, chez qui la feuille de location est déposée.

Lundi 19 décembre, salle Béal (rue Longue, 21), concert de Mlle Mélanie Marzo, pianiste, et de M. Ch. Paganetti, violoniste. Au programme, sonate op. 27 de Beethoven, Fantaisies chromatique et fugue de Bach, œuvres diverses de Chopin, Brahms, etc.

Revue des Revues

Le peuple et le goût de la beauté.

M. Adolphe Retté étudie la grave question du goût artistique et du développement du sens esthétique chez le peuple[1]. Quoiqu’il se place au point de vue restreint de l’architecture et de la peinture, nous nous permettrons pourtant d’en faire la critique, car le débat intéresse également la littérature et surtout la musique qui, par la puissance du rythme et de la mélodie, s’impose aux esprits les moins préparés par une culture antérieure.

Le peuple a le sens de l’harmonie, de la couleur, de la proportion, de la cadence verbale : ceci est indiscutable, quoique discuté par les mandarins et les ratés incompris, qui haussent les épaules et réfutent d’un sourire haut sur cravate, où la condescendance le dispute au mépris vaniteux, ce truisme banal. M. Retté nous en donne des exemples probants qu’il a recueillis pendant les promenades hebdomadaires organisées par l’Art pour tous. L’ouvrier possède une fraîcheur d’impression admirable, une jeunesse d’imagination irréfléchie, une faculté d’admiration inépuisable, qui le haussent aux enthousiasmes féconds, pourvu que les œuvres qu’on lui présente soient d’une architecture claire et suffisamment extérieures pour qu’il en discerne aisément l’idée directrice. À cet égard, il est bien supérieur au bourgeois (M. Retté emploie ce mot vieilli qui désigne ici, sans doute, le représentant de la classe

  1. Les Arts de la Vie, no  de novembre.