REVUE MUSICALE DE LYON
Léon VALLAS
Directeur — Rédacteur en Chef
Des Procédés de Mensuration
’est un axiome courant, dans le
monde des psychologues, et surtout
des psychologues de salon,
qu’il ne saurait y avoir de procédé permettant
d’apprécier d’une façon mathématique
les limites d’une intelligence, ou,
pour parler plus exactement, de transcrire
en une formule chiffrée la portée ou
l’étendue des processus psychiques chez
un individu donné. Ceci se résume d’un
mot : il n’y a pas, il ne peut y avoir de
psychomètre.
En un sens, nier cet aphorisme serait émettre un paradoxe plaisant. Car enfin, l’intelligence n’étant point chose matérielle, ne comporte pas d’unité de mesure et, d’autre part, le psychisme total d’un sujet, même médiocre, est formé de constituantes tellement complexes, et résulte de la combinaison de tant de facteurs qu’on ne pourra jamais bâtir une équation où toutes ces variables se puissent plier à un calcul.
Et cependant, une école nouvelle est apparue, où l’on prétend soumettre à des mensurations précises l’intimité de nos états de conscience, et graduer nos réactions mentales tout aussi simplement que nos phénomènes physiologiques : et cela s’appelle la psychologie expérimentale ; non pas fallacieusement expérimentale à la façon des romans de Zola, mais savamment, scientifiquement expérimentale, avec un attirail d’appareils mensurateurs, et tout un matériel de laboratoire.
Cette école, qui s’inspire d’illustres devanciers, et profite de lois antérieurement établies, comme celle de Weber Fechner, est chose toute récente cependant, mais les progrès qu’elle vient d’accomplir, avec des maîtres comme Toulouse[1], des adeptes comme Vaschide, Vurpas, Piéron, et tant d’autres, permet-
- ↑ Toulouse. — Technique de Psychologie expérimentale (en collaboration avec Vaschide et Piéron). V. aussi l’examen psychophysiologique de Zola, du même auteur.