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revue musicale de lyon

pour 1.500 fr., pour l’ouverture d’un cours d’ensemble vocal et d’un cours d’ensemble orchestral.

« Nous croyons savoir que le cours de musique de chambre serait professé par M. Guichardon, le cours d’ensemble vocal par M. Mariotte, et le cours d’ensemble orchestral par M. Savard lui-même. »

Correspondance de Paris

Les premières auditions se succèdent nombreuses aussi bien au Châtelet qu’au Nouveau-Théâtre, et, si toutes les œuvres nouvelles n’offrent pas un égal intérêt, l’initiative des deux chefs d’orchestre n’en est pas moins louable, et on ne peut que souhaiter la durée de cet heureux zèle.

L’utilisation des thèmes populaires est une bonne chose dont il ne faut pas abuser, ce que semble avoir fait M. Périlhou dans ses Scènes gothiques ; la dernière est un mélange, je n’ose dire un pot-pourri, des noëls les plus connus, de sorte que, si par impossible les chansons françaises célébrant la Nativité de Jésus venaient à disparaître, la suite de M. Périlhou en constituerait un recueil précieux, instrumenté avec beaucoup de soin et parfois brillamment, en admettant, hypothèse encore moins admissible que la première, que lesdites scènes ne fussent pas ensevelies dans l’oubli ; actuellement, comme ces noëls sont dans toutes les mémoires, il eût été amusant d’inviter le public à chanter à l’unisson, en un chœur colossal, les airs naïfs que les instruments entrecroisaient.

Les Impressions pyrénéennes de M. Arthur Coquard, n’ont pas un relief beaucoup plus accentué ; il y a pourtant un effort vers la grandeur dans la Marche funèbre, évoquant les exploits des preux de Charlemagne et la mort de Roland, de l’agreste naïveté dans le Chant de berger confié à la clarinette, et de la souplesse dans la danse gentiment rythmée qui clôt ce court poème descriptif.

Autrement original et haut en couleurs est le Conte féérique de Rimsky-Korsakow, où abondent les effets les plus curieux et les plus charmeurs ; l’instrumentation est riche, savamment bariolée comme un tapis d’Orient ; les harmonies et les rythmes étranges, les combinaisons délicieuses de timbres font évoquer par cette œuvre touffue un récit des Mille et une nuits, et lui donnent comme une somptuosité asiatique.

L’Ouverture sur trois thèmes grecs de Glazounow, composée il y a une vingtaine d’années, est une rhapsodie pleine de vivacité et de chaleur, un peu confuse et chargée, où l’on croit entendre des bruits de fête et un fracas de bataille.

La Fantaisie-Caprice pour orchestre avec piano de M. André Bloch a le mérite de répondre à son titre en ce sens que la partie de piano est en bon équilibre avec les parties instrumentales, et que l’auteur, qui interprétait lui-même son œuvre n’a jamais donné livre cours à la pure virtuosité ; de la fantaisie et du caprice, il y en a quelque peu dans cette production habile, aimable, d’un brillant un peu sec, qui s’achève dans un essai de grandeur tragique.

Citons un Caprice andalou de Saint-Saëns, concerto pour violon qui n’ajoute rien à la gloire du compositeur, et l’orchestration par M. Gabriel Pierné du Prélude Choral et Fugue de César Franck, œuvre conçue avec beaucoup d’ampleur, mais pour le piano, et dont la transcription, louée pour son habileté et ses jolis effets de timbres, très discutable en principe.

Parmi les ouvrages déjà connus et récemment exécuté, on peut retenir le Chasseur Maudit, page d’un pittoresque uniquement descriptif de Franck, le Manfred de Schumann, où les monologues de Mounet-Sully mettent des intervalles trop longs et fatigants entre la belle ouverture tourmentée et les diverses parties musicales ; chœurs de génies, puissante invocation, Requiem, surtout cette apparition orchestrale exquise de la légère fée des Alpes, aérienne comme un rayon de lune ou la pluie des cascades, et enfin l’exécution presque intégrale du Songe d’une Nuit d’Été.

À l’ouverture bien connue où les lutins minuscules dansent des rondes rapides et font vibrer leurs ailes à travers les fleurs, on peut comparer le Scherzo, merveille de grâce nerveuse et de fantaisie fantastique ; le Nocturne est aussi d’une douceur apaisée extrêmement poétique.

Une lettre d’Allemagne m’annonce l’ouverture des concerts d’hiver, dans une petite ville de douze mille habitants, par l’exécution très convenable de l’ouverture de Ruy-Blas et de la Symphonie Pastorale, séparées par un concerto pour piano de Beethoven. De quelle