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fameux unisson des seize mesures que, l’autre jour, j’entendis baptiser inopinément de « leitmotiv du mancenillier ».

Nous sommes d’ailleurs heureux de reconnaître que notre public lyonnais, dont le goût s’est singulièrement épuré et affiné depuis quelque temps, lâche un peu maintenant l’Africaine comme toutes les vieilles œuvres du Répertoire. À la seconde représentation la salle était à moitié vide. Pourtant l’œuvre de Meyerbeer (à part la mise en scène adéquate au livret, je veux dire absurde) était donnée dans des conditions très honorables avec Mlle Claessen (Sélika), Roselli (Nélusko), Abonil (Vasco), des chœurs bien entraînés et un orchestre toujours excellent sous la ferme et vigoureuse direction de M. Flon.

Carmen

Par contre l’œuvre vivante et sincère de Bizet fut jeudi horriblement massacrée. Mme Hendrickx composa son personnage de Carmen sans grande expression et sans véritable intelligence ; intentionnellement commune, elle ne semble malheureusement pas comprendre ce qui distingue la vulgarité d’une bohémienne de la vulgarité d’une cuisinière, et sa voix défectueuse n’est pas faite pour dissimuler la faiblesse de son interprétation dramatique. M. Soubeyran (Don José), qui a des planches, ne possède que trois notes : sol, la et si bémol, ce qui ne suffit pas à constituer une voix de ténor. Les petits rôles de Mercédès et de Frasquita étaient tenus par d’insuffisantes coryphées et d’autres, comme celui de Moralès, chantés par des choristes. Il n’y a vraiment à louer que M. Dangès, Escamillo à la jolie voix et au jeu intelligent, et l’orchestre que M. Flon dirigea avec amour.

La soirée fut houleuse et la représentation ne se serait pas terminée sans gros scandale si la police prévoyante n’avait, à l’encontre du règlement du théâtre, expulsé les mécontents qui s’étaient permis, pendant le premier entr’acte, de manifester de façon stridente leur légitime mécontentement. C’est que, comme j’ai pu le juger par moi-même, le commissaire est parfois bon enfant, mais le farouche sergent de ville est toujours sans pitié.

L. V.

Inauguration de la salle Béal

Mercredi, pour l’inauguration de la nouvelle et fort jolie salle d’auditions de la rue Longue, Mme Béal, l’éditeur de musique de notre ville, avait organisé un concert avec le concours de Mme Laurens, pianiste, de Mlle Henriette Renié, harpiste, et du flûtiste Bouquart.

Mlle Renié a été tout particulièrement fêtée après l’exécution, sur la harpe Erard, de pièces de Saint-Saëns, d’Hasselmans et d’une Légende de sa composition, qu’elle a interprété avec un talent indiscutable, une brillante virtuosité et des gestes qu’il est impossible de ne pas qualifier de hiératiques.

Conférence-Concert de la Schola

Samedi soir, a eu lieu le concert intime offert par la Schola à ses membres honoraires et actifs et dont nous rendrons compte dans notre prochain numéro. Au programme une conférence de M. Vincent d’Indy et une audition de plusieurs des œuvres du Maître.

Lundi 5 décembre, à 8h. 1/2, Mme Marie Panthès, professeur supérieur au Conservatoire de Genève, donnera Salle Philharmonique, un récital de piano dont voici le programme :

1o Sonate Appassionata de Beethoven. — 2o Pastorale de Scarlatti, Gavotte de Bach, Hallucinations de Schumann, Saint François de Paule marchant sur les Flots de Liszt. — 3o Nocturne, Op. 15, no 1 ; Mazurck, Op. 24, no 3 ; Valse, Op. 34, no 3 ; Polonaise, Op. 40, no 1, de Chopin — 4o Les Abeilles de Th. Dubois, À Travers bois de A. Reuchsel, Espana (Transcription de Chevillard) de Chabrier.

Au Conservatoire

Le Tout Lyon, toujours bien renseigné sur les choses lyonnaises, a publié dans son dernier numéro la note suivante :

« Le Conseil municipal de notre ville a inscrit à son budget un crédit supplémentaire de 2.500 fr. pour le Conservatoire. Ce crédit sera employé en partie pour augmenter les traitements de divers professeurs et,