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revue musicale de lyon

Borodine pour piano, la suite de d’Indy pour quatuor, flûte et trompette, Quelques danses de Chausson.

Des ouvrages écrits pour le théâtre en la forme de mélodrames, ont été organisés en Suites pour le concert. Les Suites de l’Arlésienne de Bizet, la Suite de Médée, de d’Indy.

Enfin, les Tableaux de voyage, le Poème des montagnes de d’Indy, quelques œuvres de Debussy : Pour le piano, Suite bergamasque, Petite suite sont dénommées Suites, mais, sauf que ce sont des Suites de morceaux de mouvements, de coupes et de caractères différents, écrits en une forme autre que la forme-sonate, ces œuvres n’ont qu’un fort lointain rapport avec les suites des Maîtres classiques.

Gabriel Condamin.

La Noblesse de Beethoven

On sait que le nom du Maître de Bonn est précédé du préfixe van, ce qui indique chez Beethoven, viennois de naissance, une origine flamande non contestée et dont certains écrivains allemands ont même cru retrouver des traces caractéristiques dans l’art génial du musicien. Et à ce sujet se pose une question intéressante que vient de traiter M. von Frimmel, de Vienne, dans ses Nouvelles études sur Beethoven.

Beethoven a-t-il songé, à un moment donné, à traduire le van flamand de son nom, indiquant l’origine, en le von allemand, signe constant de noblesse ?

« L’accueil de la haute noblesse autrichienne, dit M. von Frimmel, n’a pas eu une mince importance pour la position de Beethoven à Vienne. Lorsqu’en 1792 il alla habiter cette ville afin de travailler avec Haydn et de développer plus complètement son talent dans ce large mouvement musical du vieux Vienne, il avait déjà atteint de significatifs degrés de perfection dans son art. Il fut bientôt reconnu par tous comme un excellent pianiste, mais l’artiste créateur avait encore à frayer sa route graduellement avant d’arriver au but.

« Au début, c’était exclusivement les cercles aristocratiques privés qui reconnurent son talent, lui témoignèrent de l’admiration et contribuèrent à le faire connaître. On pourrait dresser une longue liste de maisons nobiliaires fréquentées par Beethoven : on le croyait noble et cela seul suffisait pour qu’on l’attirât dans la société aristocratique. C’st probablement par malentendu qu’il y avait été introduit comme Herr von Beethoven : ceci s’explique facilement par l’abréviation du von en v, ce qui se faisait également par le van néerlandais dont on ignorait en général la signification, qui indique simplement l’origine, pas toujours la noblesse. Le fait que Beethoven fut pendant longtemps considéré à Bienne comme noble, est certain ; Schindler en parle avec précision.

« Rien ne prouve pourtant que le maître se considérait lui-même comme tel ; on ne sait non plus s’il était obligé de supporter le malentendu où s’il s’efforçait à l’entretenir. Je n’ose encore donner des réponses catégoriques à ces questions, mais je ne puis m’empêcher d’attirer l’attention sur une circonstance qui, jusqu’ici, n’a pas été remarquée : quand Beethoven put enfin songer à publier ses Trios avec piano, op. 1, il conclut avec Artaria et Cie, de Vienne, un contrat qui, en outre des signatures, fut revêtu des cachets du compositeur et de l’éditeur. La teneur de ce contrat du 19 mars 1795 est connue, elle est reproduite dans le Beethoven de Thayer. Une particularité du cachet employé à cette occasion consiste en ce que, au-dessus du monogramme L. V. B. se trouve une couronne. Ceci est la preuve irréfutable qu’en 1795 Beethoven était persuadé de sa noblesse ou qu’il voulait maintenir l’erreur répandue à ce sujet. Cette couronne ne figure plus sur les cachets dont j’ai pu prendre connaissance plus tard ; on aura sans doute fait comprendre à l’artiste qu’il n’avait pas le droit d’en faire usage.

« La question de la noblesse de Beethoven a été soulevée dans une autre circonstance de sa vie, et cela à l’occasion du fameux procès avec sa belle-sœur Johanna, concernant la tutelle de son neveu Karl.