Couperin, Rameau, D. Scarlatti, A. Corelli, J.-S. Bach, Haendel et quelques autres ; nous tâcherons de dégager la forme identique à toutes ces danses ; nous verrons leur groupement en Suite, et nous essaierons enfin de situer cette forme d’art dans l’évolution de la musique instrumentale.



Allemande. — C’est-à-dire « Danse allemande ». Ne pas la confondre avec la danse véritable à 2/4 de date plus récente, et celle à 3/4, rapide, connue sous ce nom en Souabe et en Suisse. Elle s’écrit à 4/4 et d’un mouvement modéré et plutôt grave. Très sévère de style et habilement travaillée, elle commence par un levé d’une croche ou d’une double croche.
« L’Allemande, dit Matheson, est l’image d’une âme sereine qui se réjouit du calme et du bon ordre » ce qui est vrai surtout de celles composées par des Allemands.
Courante (Italien : corrente). — Caractérisée par des figures plutôt rapides, en valeurs égales (ruisseau, courant), au moins chez les Italiens (Correlli), tandis que les Allemands et les Français lui ont donné un caractère plus passionné. Elle exprime alors presque toujours le désir sur de sa réalisation : Matheson la fait correspondre au mot.
De mesure ternaire, elle s’écrit souvent en 3/2 ; quelquefois 3/4 et même 3/8.
Sarabande. — D’origine espagnole, elle est d’allure noble et compassée ; elle renferme peu de valeur brèves, mais est souvent surchargée d’ornements comme les vierges de son pays d’origine. Son caractère est la « grandezza » la noblesse, la dignité, la majesté : (Couperin a titré une Sarabande « la Majestueuse » ). Avec Bach le sentiment y est souvent profond jusqu’à devenir religieux.
Écrite en mesure ternaire 3/4 ou 3/2, d’allure lente, même très lente, elle commence sur un temps frappé et a souvent une prolongation du deuxième temps qui alors porte l’accent tonique.
Gigue. — D’allure très rapide, en mesure ternaire 3/8, 3/4, 6/8, 6/4, ou en mesure composée, donc d’essence ternaire encore, 9/8, 9/4, 12/8, 12/16, anormalement chez Bach à 4/4. Son allure est très généralement vigoureuse et généreuse. La plus souvent le thème apparaît renversé à la seconde reprise.
Gavotte. — D’origine française. S’écrit à 4/4 mais alla breve, donc à 2/2 ; d’un mouvement modéré, mais gai. Elle est caractérisée par un levé d’une blanche ou de deux noires, et par sa structure périodique de deux mesures en deux mesures ; de plus la gavotte se termine toujours sur le temps fort et la croche est la plus petite valeur qu’on y rencontre. Elle a une allure un peu sautillante, mais sans caractère de joie bruyante.
Musette. — En mesure ternaire. Rameau a des musettes à 3/4 ; mais Bach les écrits en C barré comme les gavottes (on comprendra à propos des alternatives pourquoi). Elle est caractérisée par ses trois voix dont la première a un chant gai, mais naïf et de couleur champêtre, presque nasillarde, pendant que la voix intermédiaire a un dessin d’accompagnement très simple et que la basse a une pédale de tonique ou de dominante qui ne cesse pas ; en somme, la musique possible de l’instrument dont cette danse porte le nom.
Bourrée. — D’allure joyeuse, écrite à 4/4 avec un levé d’un temps pour commencer et de fréquentes syncopes sur le deuxième et le troisième temps.
Elle a beaucoup d’analogie avec la Gavotte, mais, dit Matheson, « elle a plus de coulant, de glissé, d’onction » et il exprime son essence sentimentale par de nombreux termes, que la langue française ne peut traduire que par un seul : contentement.
Loure. — De mouvement modéré avec un premier temps sensiblement accentué ; le motif revêt généralement la forme : 3/4 une croche, une noire — une noire pointée : la note pointée tenue pendant toute la durée de sa valeur et la note qui la suit, généralement une croche, exécutée presque comme une double-croche.
Menuet (Minuetto). — Ancienne danse française introduite dans la littérature musicale par Lully, Rameau, Bach et Haendel, s’en sont servi dans la suite. De mesure ternaire ; à l’origine d’un mouvement très modéré ; empreint à la fois de noblesse et d’une certaine préciosité.