firent fête, Thérèse Milanollo parcourut tour à tour, avec le même succès, la Belgique, la Hollande, l’Angleterre et la France. Pendant ce temps, Maria, sa soeur cadette, avait étudié le violon comme elle. Ensemble, cette fois, elles retournèrent à Paris, où, sur la recommandation d’Habeneck, elles obtinrent de se faire entendre dans un concert du Conservatoire ; elles y furent couvertes d’applaudissements et de rappels.
Dès lors, leur réputation était fondée. Elle ne fit que grandir par la suite. Au cours d’une tournée qu’elles entreprirent peu après en Belgique et en Allemagne, elles donnèrent à Vienne jusqu’à vingt-cinq concerts. Après dix ans de ces triomphes ininterrompus, elles arrivèrent à Lyon et du premier coup, elles s’y imposèrent à l’attention.
Du 13 octobre au 20 décembre 1846, elles ne donnèrent pas moins de vingt-un concerts, avec une moyenne de recettes de quatre mille francs, au Grand-Théâtre, sans que le prix des places fût pourtant augmenté. Dès cinq heures du soir, longtemps avant l’ouverture des portes, la foule assiégeait les guichets du péristyle, et à la sortie, elle attendait les jeunes artistes pour les acclamer encore. Jamais on n’avait vu les Lyonnais aussi prodigues d’applaudissements, aussi peu mesurés dans leurs transports d’enthousiasme.
« Le souvenir de ce couple enchanteur parmi nous, écrivait, au lendemain de leur départ, le Courrier de Lyon, restera dans la mémoire de nos concitoyens comme le fait artistique le plus phénoménal dont notre ville ait jamais été le théâtre, comme l’exemple du succès le plus universel, le plus complet, le plus soutenu qu’eût jamais obtenu aucun artiste auprès de la population lyonnaise. »
Les deux soeurs revinrent l’année suivante, où elles donnèrent encore, entre le 18 décembre 1847 et le 30 janvier 1848, dix concerts qui rencontrèrent une égale faveur : ce fut la dernière occasion qu’on eut de les entendre ensemble, car, à la fin d’octobre de la même année, Maria mourait, en quelques jours, à Paris, d’une atteinte de coqueluche, sur laquelle s'était greffée une phtisie pulmonaire. Elle avait seize ans.
Un contraste complet existait, au point de vue du talent et de la nature, entre les deux jeunes artistes, l’une, Marie, se faisant remarquer par l’énergie et l’éclat de son jeu, l’autre Thérèse, par l’exquise douceur de ses sonorités, et par son habileté à filer le son. L’une charmait, l’autre subjuguait : toutes deux étaient d’admirables et presque incomparables virtuoses.
En 1852, Thérèse se fit entendre de nouveau au Grand-Théâtre, dans sept concerts échelonnés du 17 février au 10 mars. Puis, le 16 avril 1857, après une série d’auditions à Nancy, qui lui avaient valu le plus vif succès, elle épousait à Malzéville, près de cette ville, le capitaine de génie Théodore Parmentier, alors aide de camp du maréchal Niel, aujourd’hui général en retraite qui était lui-même un musicien et un compositeur de mérite.
Depuis son mariage, Mme Parmentier avait renoncé à la carrière artistique proprement dite ; mais jamais elle ne refusait de prêter aux oeuvres de bienfaisance qui le sollicitaient, son précieux concours, et à Lyon, notamment, il n’y a pas très longtemps encore qu’elle se faisait entendre dans un concert de charité au bénéfice de la Crèche de Saint-Bernard.
Mme Parmentier-Milanollo laisse, outre le souvenir d’une virtuose accomplie, un certain nombre d’oeuvres musicales, parmi lesquelles une Fantaisie élégiaque et deux Romances pour violon, un Ave Maria à quatre voix, les Variations humoristiques sur l’air de Malbrough, et sur le Rheinweinlied d’André, etc.






























Petite Correspondance


G. Villeurbanne. - 1o Le Temps a publié des extraits du discours prononcé par M. Henri Marcel à l’inauguration du monument de César Franck. Le discours de Vincent d’Indy a été reproduit dans le numéro du 1er novembre du Courrier Musical.
2o Les Lettres de l’Ouvreuse dans l’ Écho de Paris (lundi) ; Pierre Lalo, fils du regretté compositeur, dans le Temps (journal du lundi soir portant la date de mardi) ; Gaston Carraud dans la Liberté (le lundi) ; Th. Lindenlaub n’a écrit, dans le Gil Blau, ses remarquables chroniques des concerts dominicaux que pendant la saison 1903-1904.
V. F. - M. Jadassohn, dans Melodik und Harmonik bei R. Wagner (1900), s’est efforcé de démontrer que les modulations de Wagner sont conformes aux règles classiques les plus sévères et les plus claires. Cette tentative pour le prélude de Tristan est des plus curieuses. Voir aussi le Cours de Composition de V. d’Indy.