au lieu de faire entendre de vrais œuvres de piano, car les œuvres ainsi transcrites et déformées pour un instrument perdent la plus grande partie de leur intérêt et d’autre part, dans leur exécution, quelque correcte qu’elle puisse être, l’art pianistique devient nécessairement un peu le triomphe du coup de poing.
Notons en passant un bon mot d’un chroniqueur occasionnel de l’Express, à propos de ce concert : « Franck et Duparc, ces deux maîtres si énigmatiques pour qui n’est pas à la fois grand musicien et grand pianiste. » Ce confrère imprévu ne doit être, je m’imagine, ni l’un ni l’autre…

Symphonie Lyonnaise
La Symphonie lyonnaise donnait, le 7 novembre dernier, sa séance de rentrée aux Folies-Bergère. Il faut savoir gré à M. Mariotte, comme à ses fidèles musiciens, de persévérer sans défaillance dans la tâche entreprise. Avec un chef d’entraînement comme M. Mariotte, l’on va toujours de l’avant et la première audition de la saison a témoigné d’un labeur intéressant mené à bien grâce à la bonne volonté toujours renouvelée des uns et des autres. La Symphonie en si bémol de Beethoven, merveille de grâce souple et aisée, œuvre admirablement équilibrée s’il en fût, les Variations symphoniques de Franck, ce chef d’œuvre d’ingéniosité rythmique, et la charmante page de Borodine Dans les Steppes de l’Asie centrale, c’étaient là des numéros de programme qui pouvaient faire reculer plus d’une société d’amateurs. Le finale de la symphonie fut enlevé avec une ardeur et un enthousiasme dignes d’éloges.
Mlle Girard tenait la partie de piano des Variations symphoniques : elle fit preuve, en ce faisant, d’un courage dont elle fut récompensée par les applaudissements d’un nombreux public. Les qualités de charme et d’expression, caractéristiques du talent de cette jeune pianiste, furent pleinement appréciées dans le Nocturne pour piano et orchestre d’Emile Bernard, œuvre fort distinguée dont la première audition nous était offerte. Au bon public le programme faisait une concession très goûtée en lui permettant de savourer le charme dangereux de Werther dont la scène des lettres fut exposée par Mme Delande, une aimable cantatrice à la voix pure et bien timbrée.
Mais deux œuvres mélodiques Chanson de fou et les Cloches écrites par M. Mariotte avec un art raffiné sur de singuliers poèmes de M. Dauriac déroutèrent quelque peu ce bon public qui se ressaisit cependant sous l’impression des onduleuses périodes de l’Invitation à la Valse de Weber orchestrée par Berlioz.

Concert Colonne
C’est demain soir lundi, qu’aura lieu, au Casino, le concert Colonne que nous avons annoncé. Location à l’agence Lubin, 104, rue de l’Hôtel-de-Ville.

Mme Mauvernay et M. Flon notre éminent chef d’orchestre ouvrent un cours de musique vocale d’ensemble. Les cours auront lieu le mercredi de 4h. 1/2 à 6 heures, du 15 novembre au 15 mai ; inscription : 50 francs.
Le cours aura lieu provisoirement chez Mme Mauvernay, place Tolozan, 27, où l’on peut s’inscrire.
Revue des Revues[1]

revue bleue
M. Camille Mauclair qui est à la fois romancier subtil, poète délicat, musicographe érudit, et qui semble inaugurer une génération de critiques enthousiastes et curieux, nous dit la louange de César Franck. Si d’autres ont été plus pittoresques, plus coloristes, plus théâtraux, nul n’a possédé, au même degré que Franck, la « faculté de joie, la pureté riante, amoureuse et douce ». Ses élèves comptent parmi ses meilleures œuvres ; il institua le compagnonnage musical, « probe et fier ». Nous lui devons tous ceux qui ont su exprimer l’âme moderne, de
- ↑ Sous ce titre, notre collaborateur A. Arnoux rendra compte, chaque mois, des principaux articles musicaux parus dans les Revues littéraires.