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2e Année No3
Dimanche 6 Novembre 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Dimanche du 20 Octobre au 1er Mai

Léon VALLAS
Directeur — Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
Louis AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Paul FRANCHET ; Vincent d’INDY ; André LAMBINET ; Paul LERICHE ; Edmond LOCARD ; A. MARIOTTE ; Marc MATHIEU ; Edouard MILLIOZ ; Antoine SALLÈS ; Jules SAUERWEIN ; Joseph TARDY ; Georges TRICOU ; Jean Vallas ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI.

WAGNER
et les Théâtres Allemands

(suite et fin)

Et puis, il n’y a pas en Allemagne, comme je le disais tout à l’heure, que le théâtre de Bayreuth ; il y a celui du Prinz-Regent, de Munich, qui n’est ouvert que depuis quatre ans, et dont l’intelligente et habile administration de M. de Possart a déjà su faire, à tous les points de vue, une scène modèle. M. Lalo le connaît sans doute mieux que moi, et ce n’est pas lui, par conséquent, qui me contredira, si j’affirme que j’y ai vu jouer la tétralogie du Ring, au commencement de septembre, dans les meilleures conditions qu’il soit possible de réaliser. C’était Mottl qui conduisait l’orchestre ; je n’ai donc pas besoin d’insister sur l’excellence de l’exécution symphonique. Mais les artistes du chant, y compris ceux des chœurs, ne le cédaient en rien à ceux qui étaient chargés de la partie instrumentale ; mais, du côté de la mise en scène, admirable de splendeur et de vérité, comme du côté de la figuration, extraordinaire de mobilité et de vie, le même soin se révélait, scrupuleux et attentif aux moindres détails, et de tous ces éléments réunis se dégageait une impression d’harmonie et de beauté à laquelle il faut bien reconnaître que les plus somptueux spectacles de l’Opéra de Paris nous ont peu habitués.

On objectera peut-être qu’il s’agit là de théâtres de tout premier ordre, où le prix des places, uniformément fixé à 25 francs, justifie l’exceptionnelle qualité des représentations et qu’il serait dès lors injuste de les prendre pour termes de comparaison avec les nôtres. Mais le tarif de l’Opéra de Vienne est loin d’atteindre une pareille moyenne. Le chiffre de douze francs y est le maximum du prix d’un fauteuil et pour six francs, c’est-à-dire pour une somme moindre que dans maints théâtres de province, dans notre Grand-Théâtre de Lyon, notamment, on peut s’y procurer une excellente stalle d’orchestre. Or, j’ai eu l’occasion, ainsi que je le rappelais tout à l’heure, d’assister, il y a deux mois à peine, à quelques-unes des représentations wagnériennes qui y ont été organisées cet été et je n’y ai pas noté une très sensible différence avec les superbes soirées du Prinz-Regent de Mu-