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L’Art du Théâtre

Le numéro d’octobre de l’Art du Théâtre reproduit la mise en scène et les portraits des interprètes d’Alceste à l’Opéra-Comique, puis c’est une revue des principaux spectacles donnés cet été sur les théâtres en plein air : Sémiramis, à Nîmes ; Armide, à Béziers ; Œdipe Roi, au théâtre de verdure du Pré Catalan.

M. Georges Fraipont, après un long séjour en Indo-Chine, a rapporté de nombreux croquis des théâtres Annamites et Cambodgiens que l’Art du Théâtre publie avec une très intéressante étude sur les théâtres Indo-Chinois.

De superbes planches hors texte complètent ce numéro.

Nouvelles Diverses

Dans quelques jours, le fameux ténor italien Caruso s’embarquera pour New-York, où il doit commencer une série de quarante représentations.

Il a signé avec M. Conried, directeur du Metropolitan Opera House, de New-York, en engagement par lequel il s’oblige à donner pendant quatre ans quarante représentations annuellement aux États-Unis.

Comme honoraires, M. Caruso touchera 280.000 francs par an et sera défrayé de tout, lui, sa famille — l’artiste emmène sa femme et ses deux enfants — et ses domestiques.

M. Caruso — il aime à le raconter lui-même — est le vingt-et-unième enfant d’un petit fonctionnaire. Il n’a que trente et un ans et a débuté, il y a dix ans, dans un petit théâtre napolitain, où il recevait 21 francs par représentation. Aujourd’hui, il en touche 7.000 !

Impérial violoniste.

Le prince impérial d’Allemagne, raconte le Ménestrel, possède un joli talent sur le violon. Tout enfant, il maniait déjà l’archet comme un petit Mozart…, du moins ce sont les familiers de Son Altesse qui l’affirment. Fiancé, le prince s’est rappelé fort à propos que la musique n’adoucit pas seulement les mœurs, mais qu’elle sait émouvoir, mieux que les éloquentes protestations d’amour, le cœur des jeunes filles. L’autre soir donc, le Kronprins et la duchesse Cécile de Mecklembourg, qu’il doit épouser bientôt, assistaient comme de simples mortels au concert donné par les tziganes dans le « hall » d’un hôte de Baden-Bande. Après avoir écouté pendant quelques instants les czardas échevelées et les valses langoureuses, le prince, tout à coup, quitte sa place, pénètre dans le cercle des dolmans rouges, prend un violon des mains du chef d’orchestre et attaque certain morceau qu’il savait être particulièrement cher à sa fiancée. Et pendant une heure il joua, il joua éperdument, avec passion, avec frénésie, avec tendresse, cependant qu’Elle, délicieusement émue, le regardait.

NÉCROLOGIE

Au moment de mettre sous presse, nous apprenons avec le plus vif regret la mort de M. Arnould Locard, père de notre ami et collaborateur, Edmond Locard.

M. Arnould Locard, ancien ingénieur des Arts et Manufactures, ancien président de l’Académie de Lyon, commandeur de l’Ordre du Christ du Portugal, officier de l’Instruction publique, était une des personnalités les plus connues et les plus estimées de notre ville. Savant très distingué, dont le nom est illustre dans les annales de l’histoire naturelle, il fut aussi un véritable artiste, et rien de ce qui touchait au théâtre ou à la musique ne le laissait indifférent.

Il fut, dès l’an dernier, un des meilleurs amis de la Revue Musicale de Lyon, au succès de laquelle il s’intéressait vivement ; il ne nous ménagea jamais les encouragements et les bons conseils et mit toujours avec avec la plus grande bienveillance, à notre disposition ses précieuses connaissances artistiques et surtout son étonnante documentation sur l’histoire de la Musique et du Théâtre.

Nous envoyons à Madame Locard et à notre ami Edmond Locard, qui fut notre premier et meilleur collaborateur, l’hommage de notre profonde et sincère condoléance.

L. V.
Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.