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les femmes insupportables dans les coulisses du Venusberg, les hommes insuffisants dans le chœur des pèlerins qu’on leur fait pourtant chanter intégralement hors de la scène et avec l’aide précieux de l’inévitable et malencontreux harmonium, soutien obligé des « chœurs sans accompagnement ».

Quant à la mise en scène, elle est, comme toujours, parfaitement inintelligente et nous avons retrouvé sans surprise comme sans plaisir le faire si personnel de notre éminent régisseur, M. Lorant (de l’Opéra).

Guillaume Tell

Nos confrères de la presse quotidienne ont généralement jugé très sévèrement la reprise de Guillaume Tell : il nous avait semblé que le ténor Abonil avait fait preuve dans le rôle d’Arnold de qualités vocales remarquables et que M. Roselli avait été très suffisant en Guillaume Tell ; il est vrai que nous qui n’avons jamais entendu les œuvres désuètes de l’école italienne ou française d’autrefois avec les « artistes à voix » qu’elles exigent, nous sommes mal placés pour apprécier justement de telles reprises.

Admettons donc, sur la foi de nos distingués confrères, que le rôle d’Arnold exige plus de voix que n’en a notre ténor et des contre-ut plus volumineux, et que M. Roselli a un registre grave beaucoup trop faible. Pourtant louons comme il convient Mlle Milcamps, toujours excellente dans les airs les plus vétilleux, Mme Hendrickx et Mlle de Véry, M. Roosen, tout à fait bon en Leuthold et M. Van Laer.

Nous reparlerons de cette représentation dans notre prochain numéro.

Le public, généralement tapageur aux séances du début de chaque saison, a été pendant ces quelques soirées relativement sage et n’a pas manifesté trop bruyamment sa satisfaction ou son mécontentement. L’Asile Héréditaire de Guillaume Tell, pourtant bien chanté par M. Abonil, déchaîna seul une courte tempête de sifflets et d’applaudissements. Et il convient de féliciter en bloc le public de sa bonne tenue et de sa réserve. Nous remarquerons cependant qu’un spectateur au moins fut tout à fait encombrant et désagréable. C’est de M. Broussan lui même que nous voulons parler. Le talentueux directeur de nos théâtres municipaux passe ses soirées à circuler entre les coulisses et les fauteuils de balcons, où il n’a pourtant rien à faire, au grand désespoir de ses voisins qu’il incommode vivement par le bruit de ses allées et venues intempestives. Mais nous aurions mauvaise grâce de nous plaindre, car si nous ne sommes pas satisfaits, M. Broussan l’est hautement de soi-même et de son théâtre comme le prouvent surabondamment ses applaudissements enthousiastes et prolongés à la fin et au milieu des actes, ses exclamations admiratives lancées à tous propos et hors de propos, extériorisations d’une sensibilité exquise et d’un goût sûr qui exposent plus d’un spectateur non averti à confondre le directeur artistique du Grand-Théâtre avec le chef de la claque municipale.

Léon Vallas.

LES CONCERTS

Avec l’ouverture du Grand-Théâtre, voici la saison des concerts qui va commencer.

Le premier en date est celui que va donner Mme Müller au commencement de novembre. Mme Müller est une cantatrice très appréciée à l’étranger pour sa belle voix et pour son excellente diction.

Le programme de cette séance se compose surtout d’œuvres de Gluck, de Beethoven, de Mozart, de Schubert, de Schumann, de Rubinstein, de Fauré, etc. C’est dire que ce concert sera essentiellement classique et qu’il ne pourra manquer, par conséquent, d’intéresser tous les amateurs de bonne musique.

La Schola Cantorum lyonnaise reprendra le vendredi, 4 novembre, ses répétitions hebdomadaires en vue du grand concert que dirigera le 7 décembre M. Vincent d’Indy.

Le programme de ce premier concert de la saison comprendra comme pièces principales le premier acte intégral d’Alceste de Gluck et des fragments du Chant de la Cloche légende dramatique, d’après Schiller, de M. Vincent d’Indy (Le Baptême’’, l’Amour, l’Incendie).