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cester avait comme directeur un certain E. W. Thomas, qui était l’ami de Weber, Spohr et Mendelssohn. Auparavant il avait été le chef d’orchestre de la « Liverpool Philharmonic Society ». Mais de ce que ce Thomas a occupé ces deux postes, ne s’en suit pas l’explication du secret. Comment se trouvait-il en possession de l’ouverture dédiée (?) à la Société Philharmonique de Londres. Peut-être l’a-t-il achetée (il était collectionneur enragé), par hasard avec plusieurs autres manuscrits. Il doit au reste avoir oublié complètement qu’il possédait une pièce précieuse ; car s’il l’avait vendu il n’aurait pas été obligé de se retirer à la fin de sa vie (il mourut à 79 ans), dans un hospice de vieillards de Nordwales.

On croit que cette ouverture est celle que Wagner, dans les Esquisses autobiographiques, indique comme l’unique fruit de son travail pendant l’année passée à Kœnigsberg (1836-1837). Wagner a dû la laisser à Londres au moment de sa première visite aux bords de la Tamise (lorsqu’il alla en bateau à voile de Riga à Londres, puis de là se rendit à Paris). Dans quel but, cela n’est d’abord pas éclairci. Il faut écarter presque certainement l’hypothèse de relations entre le maître et les cercles artistiques de Londres, car il écrit : « En me reposant d’un voyage extrêmement fatiguant, je me suis arrêté huit jours à Londres ; rien ne m’intéressa autant que la ville elle-même et les Chambres — pour les théâtres, je n’en ai pas visité un. » Il paraît douteux que l’ouverture ait été « destinée », à la Société Philharmonique de Londres. Cette « destination » aurait été en tous cas ultérieure car Wagner a écrit à l’origine son œuvre pour ses propres concerts à Kœnigsberg, et l’y a fait jouer. Depuis ce temps l’ouverture de Rule-Britannia était restée cachée. On ignore s’il s’en trouve une copie à Wahnfried. C’est possible et même probable que le maître a laissé cette ouverture à titre de « souvenir » à la Société Philharmonique de Londres, à l’occasion des concerts qu’il y a dirigés quelques années plus tard (1855).

Dans un roman de M. Auguste Germain, tout dernièrement paru, et intitulé : 1er  prix du Conservatoire, nous relevons cette phrase inattendue dont nos lecteurs goûteront toute la saveur. (Il s’agit d’une représentation de la Walkyrie, à l’Opéra).

« … À peine écouta-t-il le duo entre Sigmund et Sieglinde, duo pendant lequel celle-ci exhorte le héros à aller à la conquête de Brunhilde. »

Dans le Royaume de Saxe il a été décrété une taxe de 50 fr. sur chaque concert public, et même pour les réunions musicales privées où l’on invite du monde. En outre, on fait payer une amende d’environ 10. fr à ceux qui, en s’exerçant sur un instrument quelconque, laissent ouverte la fenêtre de la chambre où ils travaillent. Décidément, c’est un beau pays que la Saxe, car avec de telles lois les orgues de Barbarie doivent y être inconnus !

Cela ne pouvait se céler longtemps, et il est bien exact, comme l’annoncent nos confrères, que M. Catulle Mendès s’est entendu avec M. Massenet pour une double collaboration. Ils écriront d’abord ensemble un grand drame lyrique sur la donnée d’Ariane, et ensuite une comédie musicale d’après le Pays du tendre. On peut attendre beaucoup d’une aussi heureuse rencontre. M. Massenet s’est aussitôt retiré en son manoir d’Égreville pour y méditer en toute tranquillité sur ces deux intéressantes entreprises artistiques.

(Le Ménestrel)

BIBLIOGRAPHIE

L’Art du Théâtre. — Une grande partie du nouveau numéro de l’Art du Théâtre est consacrée à Varennes ; l’œuvre nouvelle de MM. Lavedan et Lenôtre qui vient d’obtenir un très gros succès au théâtre Sarah-Bernhardt, est en effet la meilleure pièce historique que nous avons entendue depuis longtemps.

Signalons dans le même numéro de l’Art du Théâtre une étude avec illustrations sur la Farce de Maître Pathelin, reprise récemment au Théâtre Français, et la publication in-extenso des deux actes de l’Enquête, un des triomphes du Théâtre Antoine.

Parmi les planches hors texte, il faut mettre hors de pair la reproduction en couleur d’un superbe portrait de Mme Le Bargy dans son rôle du Retour de Jérusalem, par M. Maurice de Lambert, et deux jolis médaillons de Mlle Suzanne Desprès.

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.