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1re  Année
No30
Dimanche 5 Juin 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mardi de chaque Semaine, du 15 Octobre au 1er  Mai

Léon VALLAS
Directeur — Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI.

Avec ce numéro se termine la première année de la Revue Musicale de Lyon, dont la publication hebdomadaire reprendra le 15 octobre prochain.

LIEDER FRANÇAIS

Charles KŒCHLIN

suite et fin

Les Rondels et les 4 Poèmes sont, à mon avis, les œuvres vocales les plus caractéristiques du jeune et captivant compositeur qui m’occupe ; leur étude suffira, je l’espère, à donner une idée juste, sinon complète, du talent de ce délicieux musicien de Lied. Toutefois, je m’en voudrais de ne pas signaler tout au moins quelques intéressantes pièces de jeunesse, plusieurs pages d’une haute valeur musicale, enfin trois compositions, plus complexes, où M. Kœchlin nous montre une nouvelle face de sa personnalité artistique, aussi mûre pour les vastes conceptions qu’habile aux délicats travaux de l’orfèvrerie musicale. C’est, du moins, ce qui me semble ressortir du duo : Les Clairs de Lune (avec chœur de voix de femmes ad libitum), page d’une belle ampleur, digne de la marmoréenne poésie de Leconte de Lisle : il y faut surtout remarquer les curieuses gammes en octaves, sans demi-tons, et dirigées en sens contraire par les deux mains du pianiste, sur ces mots significatifs :

Et voici qu’une mer d’ombre, par gerbes noires…

Ainsi que de La Vérandah (chœur pour voix de femmes)(Leconte de Lisle), riche mosaïque, d’un dessin compliqué et ensorceleur, et de Sous Bois, également pour voix de femmes, lente psalmodie d’une poésie parfumée, sur des arpèges caressants et des tierces expressives.

Malgré les espiègleries de l’accompagnement, Chanson d’Amour (L. Bouilhet) ne me plaît guère, dans sa forme quelque peu banale de romance modernisée. Aussi ancienne, mais d’un meilleur style, Si tu le veux est bien supérieur à Chanson d’Amour ; la phrase en est plus distinguée, et la quinte finale, aimée de M. Kœchlin, adroitement amenée.

Mais Épiphanie, Midi, Le Colibri, sans oublier la belle Prière du Mort, indiquent, chez notre jeune musicien, un immense pas accompli et un grand progrès effectué vers la compréhension parfaite du Lied et l’établissement définitif de sa forme musicale. M. Ch. Kœchlin, nous l’avons remarqué, possède un tact tout particulier, dans le choix de ses collaborateurs. Les poètes, qui conviennent à son talent, si fin qu’il en est parfois dé-