Page:Revue Musicale de Lyon 1904-04-20.pdf/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
324
revue musicale de lyon

femme tous ses ouvrages avec une dédicace. L’exemplaire de Tristan et Isolde qu’il lui adressa porte, au début du deuxième acte, cette indication : « Commencé encore dans l’Asile » La dédicace est en vers, dans le même style que tout le poème de Tristan.

Une revue scientifique anglaise a publié dernièrement une étude sur la relation qui peut exister entre les pulsations du cœur de l’homme et le rythme musical. Comme exemple sont signalées des indications métronomiques des différents morceaux dans douze sonates de Beethoven. Dix-neuf de ces morceaux donnent des chiffres variant entre 72 et 76 temps de mesure par minute, ce qui correspond à peu près exactement avec le battement du pouls chez une personne en bonne santé ; les autres morceaux sortent des limites normales, avec un minimum de 60 et un maximum de 92 unités de temps par minute. Il est à remarquer que les mouvements métronomiques des sonates de Beethoven, tels qu’ils existent dans les éditions classiques, ne sont pas du maître, une seule sonate, celle en si bémol, op. 106, a été métronomisée par Beethoven lui même, encore le fait n’est-il peut-être pas absolument certain.

À Londres, la direction du théâtre Covent-Garden vient de publier le programme de sa grande saison d’été, qui s’ouvrira le lundi 2 mai et durera trois mois. La première partie de ce programme, qui se développera pendant le mois de mai, comprendra trois cycles d’œuvres de Wagner et de Mozart, respectivement chantées, « dans leur absolue intégrité », en allemand et en italien, sous la direction de M. Hans Richter. Chacun, de ces trois cycles comprendra Don Giovani, le Nozze di Figaro, Tannhæuser, Tristan et Yseult, les Maîtres chanteurs et Lohengrin. Le répertoire, devenu ensuite international, comprendra Faust, Roméo et Juliette, Philémon et Baucis, les Contes d’Hoffmann, Carmen, Fidelio, Aida, Rigoletto, il Trovatore, la Traviata, un Ballo in maschera, Lucia di Lammermoor, Cavalleria rusticana, la Tosca, la Bohème et Pagliacci. La compagnie, très nombreuse, offre les noms de Mmes Melba, Emma Calvé, Adams, Destinn, Hertzer-Deppe, Helian, Knüpfer-Egli, Nielsen, Russ, Termina, Kirby-Lunn, Maubourg, et de MM. Caroso, Dani, Cotreuil, Knüpfer, Krass, Reiss, Scotti, Burrian, Dufriche, Gilibert, Herold, Journet, Renaud, Van Rooy, Seveilhac, Schütz Simon, Radford et Masiero.

Mme Marie Panthès, la pianiste bien connue dans notre ville, vient d’être nommée professeur d’une classe de virtuosité au Conservatoire de Genève.

Si les loups se dévorent entre eux, il en est souvent de même pour les génies. Notre confrère Brass Band’s s’amuse à relever qu’un Anglais appelait récemment Mendelssohn le dernier des Titans, alors qu’un Américain s’extasiait, presque au même moment, de l’innocente respectabilité de la musique à Mendelssohn. Voilà qui peut n’être considéré qu’à simple titre d’opinion contradictoires, ce qui va devenir très à la mode, et que nous allons fort entendre lors des toutes prochaines élections municipales. Alors, les génies de la politique vont, sans doute, aussi se dévorer entre eux.

Pour en revenir aux loups qui nous intéressent, deux exemples :

Weber a dit de Beethoven : — « Peut ! il est mûr pour un asile lunatique. »

Parlant de Gluck, Haendel a lancé cette boutade : — « Lui ? il ne sait pas plus le contrepoint que mon cuisinier. »

Ah ! on ne s’ennuierait pas si les compositeurs pouvaient poser leurs candidatures à l’Institut au moyen de réunions publiques !

BIBLIOGRAPHIE

La Renaissance Latine, revue mensuelle, littéraire et politique, Paris, 25, rue Boissy-d’Anglas (directeur : C. de Brancovan).

Sommaire du 15 avril : Leconte de Lisle, Lettres sur le Siège et la Commune ; Claude Anet, Les Bergeries (1re partie) ; Paul Louis, L’ouvrier devant l’État ; Paul Lafon, Les Châteaux des Trois Mousquetaires ; Charles Derennes, Poèmes ; XXX, Les chemins de fer et l’État (ii) ; Georges Grappe, Carducci ; Albert Métin, L’Inde base de l’Impérialisme (i) ; Florencio Odéro, Le Bayreuth français ; André Rivoire, Les Théâtres ; A. F. — L. G., La Vie Latine.

Abonnement : 20 francs par an ; le numéro : 2 francs, en vente à la librairie des gares.

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.