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engagés dans la faille qui les conduira sur terre) et, là encore, la musique de transformation se joue comme prélude au dernier tableau qui, se passant au pied du Walhall, est annoncé par tous les thèmes du Nibelheim et même par le martèlement des enclumes des forges d’Alberich.

Léon Vallas.
LIEDER FRANÇAIS
(suite)

Charles BORDES

(suite)

Passons rapidement sur les œuvres religieuses de Charles Bordes qui, aussi bien, ne rentrent qu’indirectement dans le cadre de cette étude : à cette catégorie, se rattachent un certain nombre de pièces écrites pendant la première période de l’existence artistique du jeune compositeur, période comprise de 1884 à 1891, c’est-à-dire de la vingtième année jusqu’au moment où Bordes crut devoir vouer sa vie à la révélation des maîtres religieux primitifs et à la réforme de la musique d’église. Cette époque vit naître le plus grand nombre des mélodies, composées sur des poésies de Verlaine, plusieurs motets, écrits à Nogent, un Pie Jesu (op. 10, chez Leduc, 1889), un O Salutaris à trois voix, avec harpe et orgue (op. 12, chez Bornemann, 1889), un Tantum ergo pour soprano et ténor (op. 13, 1889, Bruneau, les Litanies de la Très-Sainte Vierge (op. 17, chez Bornemann, 1891), et des pièces de musique instrumentale : Quatre Fantaisies rythmiques (1891), et un Caprice à cinq temps (1891) pour piano, dédiées à Mme Bordes-Pène, qui les exécuta à la Société Nationale de musique. Ce Caprice d’une couleur locale remarquable, est écrit en forme de zortzico, sorte de danse basque.

Il inspira à Bordes le désir de s’adonner plus complètement à l’étude de la musique populaire, source véritable du Lied et du poème lyrique. L’occasion se présenta, sous la forme d’une mission, dont Bordes fut chargé par le ministre de l’Instruction publique : il s’agissait de se rendre au pays basque, pour rechercher des cantilènes et danses populaires. Bordes accepta avec empressement et recueillit, en 1888-89, deux cents thèmes locaux, qui furent publiés dans les Archives de la tradition basque. Quelques-uns furent utilisés par lui dans la Suite basque pour flûte, violon, deux altos et violoncelle (Société Nationale, 21 janvier 1888), dans les Danses béarnaises[1] (22 décembre 1888), dans la Rapsodie basque pour piano et orchestre[2], exécutée le 27 avril 1889 avec le concours de Mme Bordes-Pène, dans la Musique de fête pour accompagner un jeu de paume au pays basque[3], que M. V. d’Indy et l’auteur jouèrent à quatre mains, le 4 avril 1891 ; enfin dans une ouverture symphonique, intitulée : Errege Jean (Société nationale, 18 avril 1891), qui s’inspire également d’une légende basque. Plusieurs de ces pièces instrumentales ont été rejouées à la Société nationale ; il est regrettable que les organisateurs de grands concerts n’inscrivent pas la Rapsodie basque aux programmes de leurs auditions : cette œuvre est des plus intéressantes, grâce à son originale architecture symphonique et aux captivantes transformations qu’elle présente, d’un délicieux thème populaire, tour à tour grave ou joyeux, au gré de l’inspiration savoureuse du compositeur.

J’ai dit, dans mon précédent article, que la pratique des maîtres de l’école polyphonique — pendant la seconde période de

  1. Les Danses béarnaises ont été éditées chez Lissarague, 10, rue Taitbout les autres pièces pour orchestre, par l’Édition Mutuelle de la Schola. L’Ouverture d’Errege Jean est restée inédite.
  2. Réduction de l’orchestre au 2e piano par Gustave Samazeuilh.
  3. Euskal Erria (1892). Réduction pour piano à 4 mains par l’auteur.