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n’ayant pu assister à cette nouvelle et glorieuse étape de son œuvre, a adressé à M. Albert Carré, directeur de l’Opéra-Comique, la dépêche suivante :

« Regrets infinis d’être privé d’une joie précieuse. La 200o de Louise donne raison à votre vaillance si noblement profitable à l’art français. Je vous en renouvelle mes reconnaissantes félicitations et vous prie d’offrir à mes admirables artistes mes sentiments affectueux.

« À vous d’un cœur fidèle.

« Gustave Charpentier. »

Le pape Pie x voulant, à l’occasion du troisième centenaire de la mort du pape Grégoire-le-Grand, organisateur du plain-chant, dit chant grégorien, qu’une grande exécution de chant grégorien ait lieu dans l’église Saint-Pierre, a commandé à don Lorenzo Perosi une messe qui devra être dite par mille chanteurs, sans accompagnement d’orgue ni d’orchestre. Le pape lui-même la chantera à l’autel. Depuis quelque temps, dans les locaux de l’église Saint-Ignace, le baron Kenzeler, fils du commandant de la garde pontificale et excellent musicien, est occupé à enseigner la nouvelle messe aux mille jeunes séminaristes, qui l’ont chantée demain demain lundi dernier 11 avril.

Une anecdote sur Wagner.

C’était à l’époque où le grand réformateur dirigeait des concerts à Londres. Nul n’ignore quelle était son admiration pour Beethoven et qu’il connaissait ses symphonies par cœur. Il en dirigeait une un jour, et le public avait paru satisfait de l’exécution. Pourtant le lendemain un journal important rendait compte de la séance et se montrait plutôt sévère, lui reprochant surtout d’avoir dirigé une symphonie de Beethoven de mémoire et sans avoir la partition sous les yeux, ce qui n’était pas habituel à Londres, et ce qui était, selon le critique, pure présomption. Après plusieurs autres observations, ledit critique engageait Wagner à se servir de la partition lorsqu’il aurait à faire entendre de nouveau une symphonie de Beethoven. Celui-ci se le tint pour dit, et la fois suivante il posa ostensiblement la partition sur son pupitre et en tourna régulièrement les feuillets au cours de l’exécution. Il va sans dire que dès le lendemain le journal publiait un nouvel article dans lequel il adressait ses compliments à Wagner, déclarant que l’exécution de la symphonie avait été beaucoup meilleure, ce qui n’était pas étonnant puisque cette fois il avait eu la partition sous les yeux. C’est là que l’attendait Wagner, qui répondit en publiant une lettre dans laquelle il apprenait à son contradicteur que la partition qu’il avait étalée devant lui en conduisant une symphonie de Beethoven était celles… du Barbier de Séville, de Rossini, placée à l’envers !

Le centième anniversaire de la naissance de Johann Strauss, le père, a été célébré de bien des manières à Vienne, où le créateur de la valse moderne, mort prématurément à quarante-cinq ans, est né il y a juste un siècle et où il a son tombeau ; mais les manifestations les plus simples et les plus touchantes ont été celles de la famille et du comité pour le monument Johann Strauss. La veille de l’anniversaire, on a procédé au dévoilement d’une plaque commémorative placée sur la maison de la Kumpfgasse, où le compositeur est mort. Le soir, toutes les salles de bal de la ville s’étaient ornées d’écussons ou d’autres marques de souvenir. Le lendemain, le tombeau du cimetière Döbling fut couvert de fleurs par les soins du comité Strauss-Lanner, de M. Édouard Strauss, directeur de la musique des bals de la cour, fils du maître, de M. Johann Strauss, son petit-fils, et de Mme Thérèse Strauss, sa fille. L’exhumation des restes de Johann Strauss le père, et leur inhumation au cimetière central, dans un nouveau tombeau, doit avoir lieu au mois de juin. Elle coïnciderait avec l’époque de l’inauguration du monument que l’on doit ériger, en l’honneur des Strauss de Vienne, dans la capitale de l’Autriche.

Bibliographie

L’intéressante revue franco-anglaise The Weekly Critical Review dont nous avons souvent reproduit de remarquables articles musicaux va s’agrandir et paraître mensuellement à partir du 22 mai sous le nom de Revue franco-anglaise. Chaque numéro comprendra 96 pages, texte anglais et français en regard. Citons parmi les musicographes qui collaborent à la Revue Franco-anglaise MM. Calvocoressi, Chevillard, de Fourcaud, H. Imbert, Vincent d’Indy, Ch. Malherbe, C. Mendès et Runciman.

Le Propriétaire-Général : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.