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composition nettement profane et non liturgique, qui comme les Messes de Mozart ou de Beethoven, ne saurait être exécutée que dans une salle de concerts.

La maîtrise de Saint-Jean, qui tient à sa réputation peut-être surfaite, a sacrifié une fois de plus au goût de ce que l’Église appelle le siècle, espérant que le nom justement vénéré de Franck couvrirait cette infraction aux nouveaux règlements ecclésiastiques. Nous avons tenu à signaler ce fait, d’une grande importante parce qu’il s’est passé dans l’Église primatiale Lyonnaise en un jour où une foule considérable de catholiques ou d’amateurs de musique l’emplissaient ; nous souhaitons que notre protestation soit entendue en haut lieu et porte ses fruits.

Dès la saison prochaine, nous ouvrirons ici-même une rubrique du Motu proprio et nous signalerons toutes les fautes commises dans les églises de notre ville contre les sages règlements édictés par Pie x. La Revue Musicale de Lyon ne croit pas sortir ainsi du terrain purement musical car nous estimons, avec notre illustre collaborateur Vincent d’Indy, que l’Art ne mérite vraiment son nom que lorsqu’il est en place et à sa place.

Léon Vallas.

GRAND-THÉÂTRE


Je me permettrai de faire une observation au personnel du théâtre. Il est bien inutile, comme dans la Walkyrie, que nous voyions subitement au milieu d’un tableau apparaître la jaquette du régisseur ou le fichu d’une habilleuse en train de faire un petit tour de scène. D’autre part, dans la salle, comme sur la scène, le personnel est parfaitement insupportable : je ne parle pas des ouvreuses qui font très discrètement leur service, mais j’estime tout à fait déplacé qu’un contrôleur vienne régulièrement s’endormir sur un fauteuil de balcon et troubler par des ronflements sonores certaines actes — le second du Crépuscule en particulier — qui le prédisposent au sommeil. Et surtout il est inconvenant que les spectateurs soient continuellement dérangés par le va-et-vient de M. Broussan, qui, deux ou trois fois par acte, entre dans la loge no 11 ou en sort en bousculant bruyamment des chaises et en faisant claquer la

porte.

L. V.

LES CONCERTS

Ce soir, Salle Philharmonique, Récital de piano donné par M. Risler que l’on considère généralement aujourd’hui comme le plus grand pianiste français contemporain. Ancin élève de Stavenhagen, à Weimar, Édouard Risler se rattache peut-être avant tout à l’École de Liszt. Mais son rare et compréhensif talent n’est pas exclusif : l’éminent artiste excelle aussi dans l’interprétation des œuvres des autres maîtres du clavecin, Beethoven, Mozart, Chopin, Schumann, etc.

Il fera entendre, avec la Sonate en fa majeur, de Mozart, qu’on a trop rarement l’occasion d’admirer, la magnifique Sonate en la bémol, op. 110, de Beethoven, la merveilleuse Fantaisie en fa mineur op. 49, de Chopin, trois pièces de Gabriel Fauré, la 6e Nocturne, le 3e Impromptu et la 3e Valse-caprice, l’Étude en bémol, Venezia a Napoli et la 11e Rapsodie hongroise, de Liszt.

La location, chez M. Dulieux, éditeur de musique, rue de l’Hôtel-de-Ville, 98.

Nouvelles Diverses

M. Joseph Rebicek, maître de chapelle de la Cour à Berlin et directeur, depuis 1897, de l’Orchestre philharmonique, est mort il y a quelques jours. Il était né à Prague en 1844. Il travailla six ans le violon et fit ses autres études au Conservatoire cette ville, devint ensuite membre de La Chapelle de la Cour à Weimar, puis, en 1863, chef d’orchestre du Théâtre national tchèque à Prague, remplit, à partir de 1868, les mêmes fonctions à Wiesbaden, et successivement à Varsovie (1882) ; à Pesth (1891), et de nouveau à Wiesbaden (1893). C’était un excellent violoniste et un musicien de valeur.

L’Opéra-Comique a donné, cette semaine, la 200e représentation de la Louise, de M. Gustave Charpentier.

Le compositeur, en ce moment loin de Paris, à Agay, dans le département du Var,