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1re Année
No26
Mercredi 13 avril 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mercredi de chaque Semaine, du 15 Octobre au 1er Mai

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Jean VALLAS ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

L’ANNEAU DU NIBELUNG

de RICHARD WAGNER
Création en France : GRAND-THÉÂTRE de LYON, 5-10 Avril 1904

Depuis le début de la saison théâtrale, quand abonnés, critiques et public protestaient contre les représentations lamentables du Caïd et autres piteuses opérettes qui constituaient le fond du répertoire de notre scène d’opéra, les défenseurs de l’actuelle direction du Grand-Théâtre disaient : peut-être la saison n’est-elle pas exceptionnellement brillante, mais tout le monde, artiste, orchestre, régisseur et directeur, est absorbé entièrement par la laborieuse et soigneuse préparation de la Tétralogie. Et rempli d’indulgence par l’espoir des merveilles promises, le bon public se résignait, s’abstenait simplement d’aller au théâtre ou, quand il y allait, négligeait de faire l’emplette des sifflets à roulette dont un de nos confrères lui conseillait dernièrement l’usage.

Mais aussi comment résister à des communiqués semblables à ceux publiés chaque jour, depuis trois mois, par les journaux politiques. Sous la rubrique « Grand-Théâtre » était quotidiennement chantée la louange de tout le personnel de la maison et dit la valeur de « l’immense effort artistique » de M. Broussan. Et naïvement, en dépit de tous les précédents de l’incomparable administration de notre première scène, nous espérions assister à des représentations modèles de l’œuvre colossale de Richard Wagner.

Aujourd’hui nous savons à quoi nous en tenir… Car il faut bien le dire : la Tétralogie, comme toutes les œuvres montées au cours de la saison, a été préparée et étudiée hâtivement et à la légère. Alors qu’il aurait fallu, pour mener à bien cette vaste entreprise, un directeur actif et intelligent, un régisseur consciencieux et artiste, et un bon chef d’orchestre, nous n’avions que le chef d’orchestre ; et celui-ci, quelles que soient ses capacités, est suffisamment absorbé par l’étude de quatre partitions très complexes et ne saurait encore s’occuper de la direction générale et de la mise en scène.

Il est inadmissible d’abord qu’un directeur ait songé un seul moment à donner deux cycles de l’Anneau du Nibe-