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et lumineux. C’est qu’à l’illustre violoniste sont associés depuis de nombreuses années, dans un commun sentiment d’abnégation et d’adoration devant un idéal commun, trois artistes hors pair : Karl Halir, Emmanuel Wirth et Robert Haussmann ; ces trois artistes, nourris des enseignements de Joachim et subissant le prestige de son magnétisme personnel, en sont venus à vibrer avec une telle correspondance, à sentir et à penser dans une si parfaite harmonie, que ce n’est plus un quatuor : c’est comme un étrange instrument, une sorte d’orgue aux nuances multiples, mais toujours fondues dans une complète homogénéité.

Nul n’a poussé plus loin que Joachim le désintéressement de l’artiste agenouillé devant son idéal ! Il a tout dédaigné, la popularité tapageuse, les grosses recettes et les succès brillants. Sa virtuosité hors ligne, son incomparable technique auraient pu lui donner toutes ces choses, s’il avait accepté de jouer, suivant le goût du public, des œuvres d’une beauté moins pure et moins sévère : jamais il n’y a consenti. Après avoir maintes fois interprété avec Liszt les œuvres classiques, Joachim ne crut pas devoir se prêter à l’exécution de certaines pièces ; et à la voie large de la gloire facile, il préféra toujours le sentier plus ardu qui devait le conduire à ce sommet, d’où aujourd’hui il domine le monde musical. Prodigue de ses dons envers ses amis, adoré de ses élèves, il est le survivant unique de l’âge d’or de la musique allemande, le grand prêtre vénéré du culte classique. Ceux qui ont vécu de la pensée d’un Beethoven, qui ont vibré aux accents émouvants d’un Schumann ou d’un Brahms (et ils sont nombreux), ceux-là se donnent en l’entendant plus qu’une pure jouissance d’art : c’est, dans l’homme et dans l’artiste, un peu de leurs dieux familiers qui leur réapparaît.

Il y a peu de temps, à Bonn, un festival solennel de plusieurs jours avait attiré de tous les coins de l’Allemagne les adorateurs de Beethoven pour une joie unique, pour un festin d’art et d’idéal sans précédent : le quatuor Joachim interprétant les seize Quatuors. Ils furent près de deux mille : ils savait que, si c’est à Bayreuth que se révèle Wagner, Beethoven, lui, est partout où est Joachim.

Jules Sauerwein.

LES FESTIVALS

de WAGNER et de MOZART
à Munich en 1094

Cette année, comme les années précédentes, seront données à Munich en août et septembre, des festivals de Wagner et de Mozart.

Les représentations des œuvres de Mozart auront lieu du 1er  au 11 août au théâtre de la Résidence et au théâtre de la Cour. Seront représentés Les Noces de Figaro, l’Enlèvement du Sérail, Don Juan, Cosi fan tutte et la Flûte Enchantée.

Le festival Wagner aura lieu au Théâtre du Prince Régent (orchestre invisible). Voici les dates des représentations :

Au mois d’août : le 12, Tristan et Isolde ; le 14, le Vaisseau Fantôme ; le 15, Les Maîtres Chanteurs ; du 18 au 21, L’Anneau du Nibelung ; le 24, Tristan ; le 26 et le 29, le Vaisseau Fantôme ; le 27, les Maîtres Chanteurs ; du 31 août au 3 septembre, l’Anneau du Nibelung ; le 6 septembre, le Vaisseau Fantôme ; du 8 au 11 septembre, l’Anneau du Nibelung.

L’orchestre royal de la Cour (134 musiciens) sera dirigé par MM. Félix Mottl, Félix Weingartner, Arthur Nikisch et Franz Fischer.

Le prix des places pour les représentations wagnériennes est de 25 francs par représentation.

Pour tous renseignements, s’adresser à l’agence Schenker et Cie, Promenade-Platz, 16, à Munich.