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Symphonie par le pasteur Athanase Coquerel, le tout terminé par le couplet patriotique et la Marseillaise de Berlioz !

Puis Duparc, atteint d’un rhumatisme aigu à l’estomac, fut obligé de rester chez lui, et le service devint trop sérieux à partir du mois de décembre pour que nous puissions nous rencontrer autrement que par hasard. »

Ce fut lui qui en 1872, présenta son camarade Vincent d’Indy à son maître César Franck et le décida à terminer sous la direction de celui-ci ses études de contrepoint, fugue et composition.

De 1872 jusqu’au moment où Duparc quitta Paris, pour de nombreuses années, ce fut entre les deux jeunes gens, une constante intimité, favorisée par des travaux analogues et un voisinage immédiat. (Ils habitaient la même maison, cette maison de l’avenue de Villars, où demeurait aussi un autre ami de Vincent d’Indy, le littérateur Robert de Bonnières).

« Tous les mardis, ajoute l’auteur de l’Étranger et cela dura jusqu’en 1880 environ — Duparc réunissait chez lui des amis ou des amis de ses amis, et nous lisions jusqu’à deux heures du matin des chefs-d’œuvres anciens ou des productions modernes.

Là venaient assidûment Fauré, Camille Benoît, Chabrier, Alexis de Castillon, Robert de Bonnières, très souvent Saint-Saëns et les jeunes musiciens étrangers qui nous étaient signalés de passage à Paris, Svendsen, Taneew (depuis, directeur du Conservatoire de Moscou), Friedheim, un extraordinaire élève de Liszt (qui fut, par la suite, condamné en Amérique pour assassinat) ; c’est de là enfin que sortit la Société Nationale, dont Duparc fut pendant plus de dix ans, le zélé secrétaire. »

C’est alors que le jeune musicien se décida à habiter Marnes, puis les Basses-Pyrénées où il travailla à un drame lyrique la Roussalka (d’après le poème de Pouchkine), qui, croyons-nous, ne fut jamais terminé.

Déjà, pendant qu’il étudiait le droit, Henri Duparc avait publié, en 1869, chez Faxland, six pièces de piano, Feuilles d’Automne, une sonate pour piano et violoncelle (1872), non publiée ; une suite d’orchestre (non publiée), essayée en 1873 par Pasdeloup, qui la déclara inexécutable ; une suite de valses pour orchestre, composée en 1873 et jouée le 24 juin 1874, à la Société Nationale ; une deuxième suite d’orchestre intitulée Poème nocturne, composée en 1874, malheureusement détruite depuis, et qui contenait, paraît-il, des choses charmantes ; une suite pour piano, dédiée à Vincent d’Indy et détruite également ; enfin, Lénore, poème symphonique déjà mentionné, composé en 1874-75, exécuté, pour la première fois, le 28 octobre 1877, aux Concerts Populaires de Pasdeloup, puis en 1878 au Trocadéro, enfin il y a trois ans, chez Chevillard, qui a fait de nouveau applaudir cet important ouvrage, dans le courant de l’actuelle saison.

Lénore atteste, ainsi que diverses mélodies remarquablement symphoniques, telles Galop (Sully-Prudhomme), La vague et la cloche (Coppée) et surtout Phidylé et l’Invitation au Voyage, pièces écrites d’abord avec piano et orchestrées par la suite — combien le tempérament vigoureux, d’une ardeur singulièrement vibrante, de Duparc, le poussait à manifester sa pensée par les sonorités éclatantes de l’orchestre. Pourquoi faut-il que la plupart de ses œuvres anciennes aient été détruites par ce musicien sévère pour lui-même jusqu’à l’injustice et que nous nous trouvions ainsi dans l’impossibilité à peu près complète d’étudier, chez Duparc, le symphoniste et le dramaturge, alors que le mélodique nous paraît si attrayant par les qualités orchestrales et descriptives de sa musique ?

Force nous est donc de nous en tenir