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1re Année
No22
Mercredi 16 Mars 1904

REVUE MUSICALE DE LYON

Paraissant le Mercredi de chaque Semaine, du 15 Octobre au 1er Mai

Léon VALLAS
Directeur-Rédacteur en Chef

Principaux Collaborateurs
L. AGUETTANT ; Fernand BALDENSPERGER ; Gabriel BERNARD ; M.-D. CALVOCORESSI ; M. DEGAUD ; FASOLT et FAFNER ; Henry FELLOT ; Daniel FLEURET ; Albert GALLAND ; Pierre HAOUR ; Vincent d’INDY ; JOWILL ; Paul LERICHE ; René LERICHE ; Edmond LOCARD ; Victor LORET ; A. MARIOTTE ; Edouard MILLIOZ ; J. SAUERWEIN ; Georges TRICOU ; Jean VALLAS ; Léon VALLAS ; G. M. WITKOWSKI

Les Sonates de Beethoven

POUR PIANO ET VIOLON
(Suite)

DIXIÈME SONATE

La dixième sonate est l’œuvre 96. Elle a été écrite en 1812, c’est-à-dire neuf ans après la sonate à Kreutzer. Aussi le nombre d’œuvres importantes écrites par Beethoven, pendant l’intervalle qui sépare ces deux sonates, est-il considérable.

Voici la liste des principales : la Symphonie héroïque (œuvre 55) ; la Sonate appasionata (œuvre 57) ; les septième, huitième et neuvième Quatuors à cordes formant l’œuvre 59 ; la quatrième Symphonie en si bémol (œuvre 60) ; le Concerto de violon (œuvre 61) ; la cinquième Symphonie en ut mineur (œuvre 67) ; la sixième Symphonie Pastorale (œuvre 68) ; l’opéra de Fidelio (œuvre 72) ; le dixième Quatuor en mi bémol, dit « des harpes » (œuvre 74) ; la septième Symphonie en la (œuvre 92) ; la huitième Symphonie en fa (œuvre 93) ; le onzième Quatuor à cordes en fa mineur (œuvre 95).

Cette sonate est dédiée à l’archiduc Rodolphe. Ce haut personnage était le dernier des fils de l’empereur Léopold ii et le frère de l’empereur François ii, qui régnait alors. Il était par conséquent, le neveu de la reine Marie-Antoinette et l’oncle de l’impératrice Marie-Louise. Remarquablement doué pour la musique, il jouait du clavecin en véritable artiste. Il fut l’un des rares élèves que Beethoven ait consenti à former. Il ne cessa d’être pour son maître le protecteur le plus fidèle et l’ami le plus dévoué.

Vers 1809, la situation pécuniaire de Beethoven, qui ne vivait guère que du produit de ses compositions, était peu brillante et nullement assurée pour l’avenir. Aussi lorsque le nouveau roi de Westphalie, Jérôme, lui expédia son premier chambellan, le comte Teuchess-Waldurg, pour lui offrir la charge de Maître de chapelle de sa Cour, Beethoven fût-il fortement tenté d’accepter, d’autant plus que les fonctions qui lui étaient offertes s’annonçaient comme une parfaite sinécure grassement rétribuée. Le nouveau Monarque n’aimait la musique qu’à doses très fractionnées ; il ne trouvait de plaisir qu’aux airs courts et vifs. Beethoven était séduit par la possibilité de travailler à loisir à ses compositions, à l’abri des soucis de la vie matérielle. Il se réjouissait de pouvoir disposer d’un orchestre pour faire exécuter ses œuvres.