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des chevaliers, au milieu d’une troupe d’anges, que l’introduction de Lohengrin a tenté d’exprimer.

Dès les premières mesures, l’âme du pieux solitaire qui attend le vase sacré, plonge dans les espaces infinis. Il voit se former peu à peu une apparition étrange qui prend un corps, une figure. Cette apparition se précise davantage, et la troupe miraculeuse des anges, portant au milieu d’eux, la coupe sacrée, passe devant lui. Le saint cortège approche ; le cœur de l’élu de Dieu s’exalte, il s’élargit, il se dilate ; d’ineffables aspirations s’éveillent en lui ; il cède à une béatitude croissante, en se trouvant toujours plus rapproché de la lumineuse apparition, et quand, enfin, le Saint-Graal lui-même apparaît au milieu du cortège sacré, il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eût soudain disparu.

Cependant le Saint-Graal répand ses bénédictions sur le saint en prières et le consacre son chevalier. Puis les flammes brûlantes adoucissent progressivement leur éclat ; dans sa sainte allégresse, la troupe des anges, souriant à la terre qu’elle abandonne, regagne les célestes hauteurs. Elle a laissé le Saint-Graal à la garde des hommes purs, dans le cœur desquels la divine liqueur s’est répandue, et l’auguste troupe s’évanouit dans les profondeurs de l’espace, de la même manière qu’elle en était sortie. »

Nouvelles Diverses

La semaine dernière est mort M. E. Calabresi qui fut de 1875 à 1885 et de 1889 à 1900, directeur du théâtre de la Monnaie de Bruxelles en société avec M. Stournon.

Parmi les œuvres nouvelles que montèrent les deux associés citons : Hérodiade, Sigurd, Manon, les Maîtres Chanteurs, Esclarmonde, Salammbô, Cavaleria, Tristan, Samson et Dalila, Fervaal, Werther, Hænsel et Gretel, l’Or du Rhin, Princesse d’auberge et Cendrillon.

M. Mottl, nommé récemment directeur général de la musique à Munich, vient d’être remplacé à la direction de l’orchestre du théâtre des Carlsruhe par M. Balling, maître de chapelle à Breslau.

Une des principales Revues de musique cite dernièrement parmi les nouveaux officiers de l’Instruction publique le baryton Broussan, directeur du Grand-Théâtre de Lyon. Nous sommes heureux de connaître enfin et par hasard la raison probable de la nomination à la direction du Grand-Théâtre de M. Broussan, qui vint à Lyon d’abord comme directeur d’un Théâtre de comédie…

L’académie des beaux-arts a décerné le prix Rossini (poésie) à un poème symbolique en trois parties intitulé : l’Âme de Paris, dont les auteurs sont MM. Eugène Adenis et Fernand Beissier. C’est à ce poème que devront adapter leur composition musicale les candidats pour le concours Rossini (composition musicale), qui est ouvert dès maintenant et qui sera clos le 31 décembre 1904. Des exemplaires du poème couronné seront mis à la disposition des concurrents au secrétariat de l’Institut, à partir du 5 février.

À l’Opéra-Comique, au lieu des Troyens de Berlioz, auxquels M. Albert Carré avait songé d’abord, mais que des difficultés de distribution empêchent de donner cette année, c’est une reprise de l’Alceste, de Gluck, avec Mlle Litvinne, que le directeur de l’Opéra-Comique inscrit à son programme pour le mois d’avril prochain. L’œuvre de Gluck n’a pas été représentée à Paris en son entier depuis 1861.

Une nouvelle un peu étrange, répandue par le New-York Times’’. Mme Adelina Patti aurait raconté à un rédacteur de ce journal que naguère Wagner lui aurait destiné le rôle de Kundry, dans Parsifal, et lui avait envoyé ce rôle, afin qu’elle l’étudiant. La cantatrice, craignant de ne pouvoir tirer parti d’un rôle si peu adapté à sa voix, l’aurait refusé.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.