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pagnon du Maître pendant les dernières années de sa vie, écrit : « Ce larghetto modifie souvent le mouvement et reste allegretto jusqu’au thème en la mineur où recommence le mouvement du larghetto. Le morceau en ut majeur devient un peu plus pressé, ce qui en augmente la force et l’effet… Grâce à cela l’orchestre est constamment tenu en suspens… »

Guillaume de Lenz dans un de ses ouvrages dit également : « Beethoven aurait voulu savoir le larghetto accidenté de mouvements divers, correspondant aux situations du morceau qui est très long… Les termes poco accelerando, poco allegretto, accelerando, meno accelerando, in tempo, suffiront pour accidenter le terrain merveilleusement fleuri du larghetto, unique en musique pour son expression amoureusement badine. »

Le quatuor est toujours en progrès bien que les altos et les violoncelles écrasent peut-être un peu les seconds violons ; les bois sont très satisfaisants et c’est aux cuivres que l’on pourrait faire le plus de reproches : trombones et cors (en exceptant le premier cor vraiment très bon) sont généralement peu sûrs et peu précis ; mais nous aurions bien tort de nous montrer trop difficiles ; la Symphonie lyonnaise nous offre les seuls concerts d’orchestre que nous puissions entendre à Lyon ; nous devons être très reconnaissants à M. Mariotte et à ses dévoués amateurs de leur ardeur et de leur bonne volonté.

J. Catonet.

Concert Fauré

Nous publierons dans notre prochain numéro le compte rendu du concert Fauré donné dimanche à la Salle Philharmonique, une erreur de transmission postale nous empêchant de l’insérer aujourd’hui.

MM. les Artistes et Organisateurs de Concerts qui désirent qu’il soit rendu compte de leurs auditions sont priés d’adresser un double service à la Rédaction de la Revue Musicale de Lyon, 117, rue Pierre-Corneille.

À travers la Presse

Du Courrier de Francfort :

On sait que, toute sa vie, Richard Wagner eut à se débattre contre de terribles difficultés d’argent et qu’il y aurait succombé peut-être sans la généreuses assistance de Liszt et de Louis ii. Au temps de sa plus rude misère, il avait été trop heureux de céder au théâtre de Stuttgard, moyennant un forfait de cinquante ducats par représentation, le droit de jouer Tannhauser, Lohengrin et le Vaisseau fantôme. Le prix était dérisoire, comparé aux droits d’auteurs que touchaient, sur n’importe quel opéra, les autres musiciens. Aussi, lorsque les dilettantes de Stuttgard voulurent connaître Tristan, M. Batz, l’homme d’affaires de Wagner, essaya-t-il de faire réviser le traité et d’obtenir que son client pût désormais prélever sur chacun de ses ouvrages, comme tous les compositeurs, dix pour cent de la recette brute. L’intendant du Théâtre Royal de Stuttgard était alors M. de Gunzert, ancien conseiller de justice, ancien conseiller d’État, administrateur prudent, juriste consommé, mais parfaitement ignorant des choses de la scène et qui, avant de diriger son théâtre, n’y avait jamais mis les pieds. Faire des économies, c’était tout son programme. Aux premiers mots de M. Batz, M. de Gunzert se récria avec indignation : « Quoi ? M. Wagner m’a déjà vendu trois de ses opéras et il prétend aujourd’hui me les revendre plus cher ? Dites à M. Wagner qu’il peut écrire maintenant tous les ouvrages qu’il voudra : on ne les jouera jamais au théâtre de Stuttgard ! » Cependant, le génie du grand novateur avait fini par s’imposer à ses compatriotes. Dans toutes les villes d’Allemagne, on acclamait Tristan. À Stuttgard, comme partout, critiques et amateurs demandaient à grands cris le chef-d’œuvre nouveau. M. de Gunzert demeurait inflexible. À ceux qui l’interrogeaient sur les motifs de son inexplicable résistance : « Comment voulez-vous, disait-il que je monte un nouvel ouvrage de ce M. Wagner ? Il fait des opéras si longs que cela coûte au théâtre de gros excédents de gaz et il veut encore que je lui donne le dixième de ma recette ! »

Sur ces entrefaites, le chef machiniste de Stuttgard, M. Lautenschlæger, reçut un jour de son collègue munichois un télégramme